Kinshasa - Kaboul
Datte: 06/04/2018,
Catégories:
fh,
couleurs,
couple,
voyage,
amour,
odeurs,
Oral
pénétratio,
jeu,
aventure,
amourdura,
Auteur: Jean Balun, Source: Revebebe
... destin lors de l’attentat qui lui coûta la vie. Ironie du sort, les assassins portaient des passeports belges et étaient tunisiens comme ma femme… Depuis je n’y ai plus jamais remis les pieds.
— Comme ça, je comprends mieux. Et ce Pierrot, vous l’avez revu ?
— Non, nous avons échangé quelques mails, puis nos liens se sont distendus. J’ignore ce qu’il est devenu.
La discussion continue à bâtons rompus durant le repas, puis au salon. Confortablement installés, Lydia et moi dans un canapé, son père trônant dans son fauteuil tribal, nous échangeons nos points de vue sur la religion, la philosophie, la politique, la vie en Europe… Les heures passent, rythmées par le tic-tac de la vieille horloge.
Bientôt, c’est l’heure du thé. La cuisinière apporte un plateau garni de biscuits, d’une théière fumante et de trois tasses en porcelaine blanche ornées d’un liseré doré.
Le thé n’est pas encore versé que la porte s’ouvre avec fracas, laissant passage à Madame. Elle rentre étonnamment tôt du culte, ce dimanche. Très agitée, essoufflée, elle nous regarde, puis apostrophe ma douce :
— Le pasteur nous a mis en garde contre les sorciers et les magiciennes, fils et filles de Satan ! Tu n’es pas la bienvenue, Sorcière de Kibombo. Et toi, le Blanc, prends garde, tiens-toi loin d’elle avant qu’elle ne te mange le cœur !
Lydia s’est levée, furieuse, son teint a viré au gris, comme de la cendre. Elle va répliquer quand son père l’interrompt et invective son épouse :
— ...
... Femme, c’est moi, ici, qui décide qui est ou non le bienvenu. Tu me fais honte sous mon propre toit. Ton pasteur ne prêche-t-il pas les vertus de l’hospitalité ? Va, retire-toi maintenant, si tu ne veux pas subir ma colère !
Tête basse, mais visiblement courroucée, elle passe devant nous, lance un regard mauvais à mon ange et s’éclipse dans ses appartements.
— La peste soit des bigotes, fulmine le Conseiller.
— Qu’est-ce que cette histoire de magie et de sorcellerie, demandé-je.
Lydia lance un regard suppliant à son père.
— Non, ma fille, il doit savoir !
Le patriarche prend une profonde respiration, cherche ses mots, puis se lance :
— Mon garçon, il y a des réalités qui nous dépassent et auxquelles vous, les Blancs, ne croyez pas : les hommes-léopards, les hommes-crocodiles, plus généralement la sorcellerie traditionnelle, combattue en vain par le colonisateur, ses médecins et ses prêtres.
Parmi les sociétés secrètes du Congo, celle à laquelle appartiennent Lydia et sa mère, celle des « sorcières de Kibombo », est parmi les plus anciennes, les plus mystérieuses et paradoxalement les plus connues. Composée uniquement de femmes, guérisseuses, jeteuses de sorts, expertes dans l’art de l’amour, son pouvoir est transmis de mère en fille aînée.
Un lien subtil relie toutes ces femmes, jeunes et vieilles, comme si un même savoir les habitait, comme les éléments d’un même corps. Personne ne peut contrer leurs charmes, celui qui porterait la main sur l’une d’elle ...