1. Kinshasa - Kaboul


    Datte: 06/04/2018, Catégories: fh, couleurs, couple, voyage, amour, odeurs, Oral pénétratio, jeu, aventure, amourdura, Auteur: Jean Balun, Source: Revebebe

    ... sienne. Si un jour il me quitte, je garderai un morceau de son cœur en moi, mais il y aura alors une perle sombre à mon collier, dit-elle la voix cassée par l’émotion.
    — Vis au présent, ma fille. Vous vivez une belle histoire, mais vous n’êtes pas maîtres de toutes les pièces du jeu. L’alliance que Jean porte au doigt le rappelle à suffisance… Carpe diem !
    
    Le rappel de mon état-civil a l’effet d’une douche froide.
    
    — Mais je voudrais parler avec vous d’autre chose, Jean. Pourriez-vous éclairer ma lanterne sur votre passé afghan ?
    — Je vous l’ai dit, c’est une longue histoire. Mais sans grand intérêt. Quoique cela ait embêté alors la sûreté d’État belge autant que l’ANR aujourd’hui. À l’époque, au début des années nonante, je travaillais en Libye pour une société de droit belge, basée en Allemagne, pour le compte de patrons syriens. Si on ajoute à cela que je partageais mon appartement de Bonn avec un étudiant iranien, que je suis porteur d’un diplôme de Génie nucléaire, et qu’étudiant, je militais dans une organisation trotskyste, quand je suis parti en Afghanistan, tous les signaux étaient au rouge clignotant pour ceux qui devaient me surveiller. Heureusement cette destination n’avait pas encore le côté sulfureux qu’elle a aujourd’hui !
    — Pourquoi l’Afghanistan ?
    — Le hasard ! J’avais sympathisé dans l’avion entre Malte et Zurich avec l’épouse d’un médecin français, membre d’une ONG active en Afghanistan. Nous avions échangé nos adresses et quelques semaines plus ...
    ... tard, elle m’invitait chez elle pour rencontrer son mari, Pierrot, et surtout sa fille qui filait un mauvais coton et qu’elle espérait me voir remettre sinon sur le droit chemin, au moins sur un meilleur. J’ai toujours plu à mes beaux-parents, c’est ainsi…
    
    Pour la fille, ce fut un flop monumental. Mais avec le père, ce fut un coup de foudre humain et humaniste. Il me fit des descriptions enflammées de ce pays magnifique, de ses habitants rudes et fiers, me montrant des centaines de diapositives.
    
    Les vacances suivantes, je partais le rejoindre là-bas. C’était l’époque des batailles de Kaboul, Massoud venait d’être démis de son poste de ministre de la défense. Pierrot le connaissait et voulait absolument me présenter à lui. Je n’étais pas très chaud de rencontrer un de ces chefs de guerre qui ensanglantaient le pays. J’imaginais un géant brutal et inculte, hirsute, bardé de cartouchières. Au lieu de cela, je fis la connaissance d’un homme mince, élégant, raffiné même, souriant, au regard pénétrant, brillant d’intelligence, portant une fine barbe, un treillis militaire et cette coiffe typique des montagnards afghans.
    
    Était-ce mon statut d’occidental, l’amitié de Pierrot ? Toujours est-il que Massoud me prit en sympathie et depuis lors je passai toutes mes vacances en Afghanistan dans la vallée du Panshir, suivant Ahmad partout, souvent près des combats, mais jamais armé. En 2001, je me mariai et ne pus le rejoindre, sinon j’aurais probablement été présent et partagé son ...
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