55.4 Après le déluge (partie 1, Toulouse – Gruissan).
Datte: 09/05/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... réussi à dormir un peu ? ».
« Pas trop… ».
« C’est le chagrin… ».
« T’as pas un truc pour la migraine, maman ? J’ai la tête qui va exploser… ».
« Si tiens, mon loulou… » réagit elle du tac au tac en m’envoyant une boite d’aspirine.
« Merci maman… ».
Je bois une gorgée de café au lait, la boisson chaude descend en moi comme un doux câlin ; et soudainement, je me sens prêt à lâcher ce que j’ai sur le cœur depuis la veille :
« Je suis désolé que t’aies appris ça comme ça, hier… ».
« Je n’ai rien appris, hier… rien que je ne savais déjà… à part mettre un visage sur un garçon dont je soupçonnais bien l’existence… ».
« Mais comment tu savais ? »
« Ce sont des choses qu’une maman ressent… ».
« Ça se voit autant ? ».
« Mais pas du tout, mon Nico… quand on te regarde, on ne voit qu’un beau garçon… et on ne peut pas deviner ce qui fait battre ton cœur, pas du tout, je t’assure… ».
« Tu me rassures… n’empêche que tu savais… ».
« Bon d’accord » elle rigole « il n’y a pas que de l’intuition féminine dans l’histoire… il y a eu aussi un peu de chance… si on peut dire ça comme ça… il faut que je te dise, Nico… il y a quelques temps, j’ai croisé la maman de Dimitri au centre commercial et elle m’a demandé de tes nouvelles… elle a précisé que ça faisait depuis l’été dernier qu’elle ne t’avait pas vu… je n’ai pas eu besoin de lui poser la question, mais il m’a semblé évident que tu n’as jamais dormi chez Dimitri ces derniers mois... ».
« Et t’as ...
... pensé direct à un mec… tu t’es pas dit que j’aurais pu être chez une fille… »
« C’est ce que j’ai pensé la première fois que tu as découché… après, je me suis dit que tu n’aurais pas fait tant de cachotteries si ça avait été le cas… et aussi, depuis la semaine dernière… il y avait cette odeur de cigarette qui trainait dans la maison… et aussi un parfum de garçon… ».
« Désolé d’avoir menti… ».
« Je ne t’en veux pas, Nico… tu as menti parce que tu avais peur… mais tu n’as pas à avoir peur de moi… et je suis sûr que même papa va bien le prendre… quand tu seras prêt, tu lui expliqueras calmement, et ça va passer comme une lettre à la poste… ».
« Elodie est au courant… ».
« Je m’en doutais… »
Ça faisait combien de temps que tu étais avec ce garçon… au fait, il s’appelle comment ? ».
« Je n’ai jamais été avec lui… ».
« Comment ça… ».
Maman, s’il te plait, je peux pas… » je la coupe, au bord des larmes.
« D’accord mon Nico, d’accord… » fait elle en me caressant doucement les cheveux.
Comme je l’avais imaginé, le contact avec la ville bruyante, avec sa lumière aveuglante, avec les passants pressés, avec le vent violent et insistant, m’agresse sans pitié. Lorsqu’on est au fond du trou, il faut une énergie mentale insoupçonnée rien que pour exister ; car, dans ces moments-là, exister c’est être en opposition à un monde qui apparaît étranger et hostile.
Je tente de me cacher derrière mes lunettes de soleil, mais j’ai l’impression que tout le monde me ...