55.4 Après le déluge (partie 1, Toulouse – Gruissan).
Datte: 09/05/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... un réveil en larmes.
Samedi 11 août 2001, une semaine plus tôt, dans ma chambre à Toulouse.
Ce matin, je me réveille de très bonne heure. Il n’est que 5h15. La maison dort encore.
Cette nuit, je n’ai pas beaucoup dormi. Je m’y attendais. Mais pas à ce point. J’ai sommeillé plutôt que dormir. J’ai survolé les heures en faisant de l’équilibrisme sur mes nerfs épuisés. J’ai pensé, pleuré, regretté ; j’ai essayé d’imaginer une, cent, mille façons de rattraper les choses, je me suis posé un million de questions sans pouvoir me donner une seule réponse qui enlèverait ne serait-ce qu’un ton de noirceur au tableau.
Mais comment essayer de m’extirper du désespoir le plus total, alors que tout converge à un seul, unique et triste constat : la fin de cette histoire, la fin de mon amour.
Quand tout est perdu, la douleur est immense, le deuil impossible.
Je suis KO. La nuit est passée sur moi comme un rouleau compresseur. J’ai les yeux enflés de larmes, le visage douloureux à cause du coup reçu, la tête alourdie par une grande fatigue, assommé par une migraine terrible. C’est comme un rhume carabiné, sauf qu’il n’y a pas de remède contre le mal qui m’assomme.
Je n’ai presque pas dormi de la nuit, mais je sais que je ne vais pas retrouver le sommeil pour autant. Je comate. Je sais déjà que la migraine va m’assiéger tout au long de la journée.
Je ne dors plus, mais je n’ai pas du tout envie de me lever. Il faut avoir une raison pour se lever. Un but, une obligation, ...
... une envie, un rêve, l’espoir d’un bonheur : quelque chose qui fait courir. Je n’ai rien de tout ça dans mon horizon.
Je me sens tellement fatigué que j’ai l’impression que mes yeux, mon cerveau, mon corps sont comme paralysés. En fait, je ne ressens rien, comme si je n’avais plus de corps, ni de cerveau : rien, à part cette intense sensation d’étouffement, de mort intérieure.
J’ai l’impression d’être tombé du dixième étage d’un immeuble et de m’être écrasé sur le bitume ; la sensation d’être fracassé de partout, jusqu’au dernier os, et de demeurer pourtant conscient.
Mon cerveau est tellement envahi et paralysé par la souffrance qu’il n’a même pas la ressource pour remonter à la cause de cette souffrance ; je n’arrive à penser à rien, à me focaliser sur rien ; chaque pensée, chaque souvenir, chaque image me semble au-dessus de mes forces : ressource de système insuffisante, le bug est important. Ne penser à rien, juste ne penser à rien ; et tenter de supporter cette migraine atroce.
Le vent d’Autan, toujours aussi fort, toujours aussi insistant, tape contre les volets, les fait vibrer, résonner ; petit à petit, le soleil vient lui aussi tenter de donner l’assaut à ma chambre ; déterminé, insistant, il profite du moindre interstice pour venir me parler de cet été qui s’est définitivement envolé pour moi ; dans mon cœur, cet été s’est désormais muté en hiver de Sibérie.
J’ai l’impression que le déluge s’est abattu sur ma vie ; que tout est chamboulé, que rien ne ...