55.4 Après le déluge (partie 1, Toulouse – Gruissan).
Datte: 09/05/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... regarde quand même, que mon cocard clignote sur mon visage comme un gyrophare violet.
Me voilà lancé sur les rails de cette nouvelle journée que je vais devoir affronter lesté de cette fatigue insupportable ; me voilà parti pour puiser dans mes dernières ressources pour accomplir chaque mouvement, chaque pas, la moindre pensée (je me sens comme un portable dont l’icône de charge clignote en permanence, annonçant un arrêt imminent).
Cette belle et chaude journée d’été n’a pas de sens pour moi, car ce sera une journée sans lui ; la première, d’une longue série, une série infinie ; je sais que je ne le reverrai plus jamais ; à part, peut-être, à la télé ou sur un journal sportif ; je n’aurai même pas le droit à l’oublier pour me reconstruire : son absence me hantera à travers le rugby.
Il faut que je parte de cette ville au plus vite : quand je serai à Bordeaux, je pourrai peut-être échapper au rugby. Et aux souvenirs.
Ma souffrance plane au-dessus de moi comme une immense chape de plomb ; tous mes sens sont enlisés dans une sorte d’état comateux, mon cerveau marche au ralenti, tout me parvient comme avec un léger différé ; je réagis un coup sur deux, en vrac, mes mouvements sont empâtés : je me prends les pieds dans la marche d’un trottoir, je trébuche, je manque de m’étaler à plat ventre.
Je me sens incapable d’accomplir quoi que ce soit de bon aujourd’hui. Je me demande si ça a vraiment été une bonne idée de ne pas annuler le cours : finalement, je n’ai pas du ...
... tout envie de conduire, j’ai peur de faire des conneries ; et puis, je redoute le regard de Julien, je redoute les questions qu’il ne va pas se gêner de poser.
Je suis peut-être à cinquante pas de l’autoécole, lorsque la voiture se gare sur le petit parking.
Deux filles en sortent ; et avec elles, le petit coq blond, toujours aussi taquin, toujours aussi charmeur, toujours aussi sexy.
Sa tenue du jour comporte un t-shirt gris chiné, les bords des manchettes et du col mis en évidence par une fine lisière sombre : un petit bout de coton tendu sur sa plastique, qui met bien en valeur ses épaules bâties et ses biceps ; un jeans marron et des baskets blanches, un brushing à cheveux longs plaqués vers l’arrière ; et, pour compléter sa tenue de bogoss, il arbore un immense sourire, un sourire tellement lumineux qu’il déborde et irradie même à travers de ses grandes lunettes noires.
Définitivement, ce mec est à hurler. En plus, il respire la jeunesse insolente, la joie de vivre, la vie brûlée par les deux bouts. Rien qu’en le regardant, j’ai l’impression de mieux respirer, d’aller carrément mieux. Définitivement, la beauté est à la fois un puissant analgésique et un antidépresseur plutôt efficace.
J’approche et le bogoss me serre la main, puissante prise de mec.
« Salut ! ».
« Salut… je lui rétorque, alors que je sens qu’il a capté direct mon cocard. Non, les lunettes de soleil ça ne cache pas tout.
Les filles s’attardent à taper la discute au bogoss : elles ...