55.4 Après le déluge (partie 1, Toulouse – Gruissan).
Datte: 09/05/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... bâillement silencieux mais si profond que j’ai l’impression qu’il va ouvrir mon thorax en deux.
« Tu te lèves, Nico ? ».
« Pas tout de suite, s’il te plait… ».
« Ne tarde pas trop, tu vas être en retard… ».
« En retard… pour… ? »
« T’as oublié, Nico ? Tu as ton dernier cours de conduite ce matin… ».
« Ah… merde ! ».
« Tu veux reporter ? ».
Oui, j’ai envie de reporter ; du moins, mon corps a envie de reporter ; l’idée de m’arracher du lit, de sortir de la maison, d’affronter le monde, cette journée d’été, le soleil, le Vent d’Autan, de marcher jusqu’à l’autoécole et de devoir me concentrer sur la conduite me semble bien au-dessus de mes forces.
Pourtant, et c’est là que je me rends compte que je suis finalement peut-être toujours vivant, je vois pointer au fond de moi une raison de me lever ; même si je n’ai aucune envie de parler de ce qui s’est passé hier, je me dis que de passer un moment avec Julien le clown sexy ça me fera du bien, ça me changera les idées.
« Non, ne reporte pas… je me lève, j’arrive… ».
Je ramasse mes membres en vrac, je prends mon visage entre mes mains, comme pour aider mon buste à soulever ce fardeau qu’est mon crâne ; je me fais violence, j’ouvre les volets, je me laisse percuter par la lumière vive du jour, par la caresse musclée du vent d’Autan, par les bruits dissonants de la ville.
Je passe dans la salle de bain et je me retrouve face au miroir, nez à nez avec l’image de ma gueule en vrac ; ah, putain, je ...
... suis vraiment bien amoché ; j’avais eu l’impression d’avoir reçu le coup en plein sur le nez, mais c’est plutôt sur le côté que j’ai chargé ; le bleu commence sous l’œil droit et descend le long du nez.
Je l’ai tapé, il m’a tapé, quel immense, horrible gâchis ! Et maintenant, tout est fini pour de bon. J’ai envie de pleurer, car ma vie n’a plus de sens.
Dégoûté, je m’arrache à cette image de malheur et j’ouvre le robinet de la douche ; l’eau tombe de la pomme, comme les larmes sur mon visage.
L’eau qui glisse sur mon corps est comme une caresse apaisante ; voilà une douche que je fais durer longtemps, tout en me demandant comment je vais pouvoir justifier ma gueule en vrac auprès de Julien, pour éviter qu’il pose trop de questions.
Primo, je vais mettre des lunettes de soleil ; deuxio, je vais lui servir la même explication que maman à papa : la porte de la salle de bain sur le nez. Il ne va jamais gober ça, mais il va devoir s’en contenter.
Lorsque je descends, un bol de café au lait fumant est posé sur la table à coté de quelques tranches de pain grillé ; ma confiture préférée, celle d’abricots, ainsi qu’un verre de jus de fruit à la poire complètent ce délicieux tableau matinal. L’odeur du pain grillé, ainsi que la présence de maman remplissent la pièce d’un bonheur simple qui m’émeut aux larmes ; caresse pour mes narines, l’une ; caresse pour mon cœur, l’autre.
« Merci maman… pour le petit dej… ».
Elle sourit. Elle est belle.
« Ça va mon Nico ? T’as ...