La quête du sein gras
Datte: 27/04/2020,
Catégories:
collection,
nonéro,
articles,
Auteur: Fredelatorsion, Source: Revebebe
... de chemin de fer. Il a encore devant les yeux le ballet gracieux des hanches prospères et des grosses fesses qui valsent et vibrent sous une petite robe d’été s’arrêtant au genou, toute simple, toute légère, à fleurs, tonalité rouge et jaune, bien serrée à la taille.
Connaissant les femmes, Wilfried est aujourd’hui certain que celle-ci n’aime pas beaucoup son corps ; pourtant elle ne le camoufle pas sous un sac à patates. Avec une certaine force de caractère elle le prend comme il est, et puis voilà. Ça vous plaît, tant mieux, ça vous plaît pas, tant pis !
On est à 10.000 lieues de la représentation orthonormée des perfections féminines. Au contraire, l’énergie du pas donne à ce cul ballonné et vadrouilleur des allures presque obscènes. Quoi de plus normal ? Ce chahut charnel est un appel, et il résonne des exigences de survie de l’espèce. Wilfried a été programmé pour y être sensible, pourtant l’appel date de plusieurs millions d’années ; il vient du fond des âges et touche un cerveau reptilien qui ne connaît pas le langage, qui ne structure aucune pensée formulée grâce à l’architecture des mots et de la syntaxe. Il ne connaît que des impulsions et des sensations brutes liées à trois fonctions : se nourrir, se reposer, se reproduire. Or il est encore assez présent pour que Wilfried sache interpréter son message :
… coucher cette femelle quelque part et la couvrir. Si forte soit-elle, la nature t’a donné l’avantage, elle n’y coupera pas. Dans ce cul magnifique, il y ...
... a de bonnes réserves pour assumer une grossesse et l’allaitement qui vient derrière, même en cas d’extrêmes privations. Alors vide-toi dans ce ventre fertile et assure la prochaine génération.
Il la laissera sitôt repu et ils continueront à baguenauder, chacun de son côté. L’état de nature se fiche pas mal du bonheur des êtres, seule la survie de l’espèce l’intéresse.
Mais en deux ou trois millions d’années les choses ont bizarrement évolué. Un énorme cortex est venu coiffer le minimaliste cerveau reptilien ; un cortex plein de conscience de soi, plein de socialisation, d’affectivité, de morale et de respect pour l’autre. Du moins quand les choses se passent bien…
On l’aura compris, Wilfried préférerait se couper une main plutôt que de faire du mal à une femme. N’empêche, il sait très bien pourquoi et au nom de quoi il suit celle-là ! Oui, il faut en prendre son parti, voilà pourquoi il marche derrière elle, voilà pourquoi le spectacle est aussi splendide, expressif, motivant, appétissant en diable !
Lacan disait que les caractères sexuels secondaires de la femme n’étaient rien d’autre que les caractéristiques physiques de la reproductrice. Techniquement il avait raison, mais cette constatation ne suffit pas à définir l’être féminin, pas plus que la chasse ou la guerre ne définissent le masculin. Si c’avait été le cas, si la gestation suffisait à légitimer la féminité dans son ensemble, Wilfried ne se serait pas senti aussi gêné pour aborder celle qu’il désirait. ...