55.1 Les envies de Jérém (troisième du nom).
Datte: 20/04/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... nouveau se compliquer entre nous.
Le col rabattu, le premier bouton ouvert, le nœud un peu desserré, le bogoss passe ses doigts dans les cheveux pour les ramener vers l’arrière : le voilà prêt à l’emploi, classe et sexy à la fois, impeccable. Nos regards se croisent. Le sien a l’air désorienté. Dans un geste très rapide, le bogoss soulève les sourcils, comme une charmante diversion, comme un effort inutile pour cacher ce malaise dont il n’arrive pas à se défaire.
J’ai de plus en plus envie de lui sauter dessus. Il est beau à pleurer. Je suis fou de lui.
Je le regarde glisser une cigarette entre les lèvres et poser la main sur la poignée de la porte d’entrée. Il me manque déjà.
« Jérém… » je tente de le retenir une fois de plus, désespérément, en l’attrapant par le bras ; avant de continuer « c’est trop bon ce qu’on vit depuis une semaine… tu es tellement… tellement… adorable… et… je… je… je… ».
J’ai soudainement le réflexe de freiner ma langue, alors qu’elle était partie pour balancer ces trois petits mots qui riment si bien avec Jérém ; trois mots qu’elle porte sur son bout depuis très longtemps, mais qui ont besoin du bon moment pour être dits et, surtout, pour être entendus. J’ai l’intuition que ce n’est vraiment pas le cas à cet instant précis. Alors, je me rattrape de justesse :
« Je… suis si bien avec toi… ».
Une phrase qui resonne dans ma tête et dans mon cœur avec la même intensité que si je lui avais dit « Je t’aime ».
C’est un cri du cœur qui ...
... me laisse vidé de toute énergie, la poitrine qui tape à tout rompre, la respiration coupée ; un cri qui n’a d’écho que le silence assourdissant de son destinataire, et son regard comme assommé, ébahi, figé.
Les secondes s’enchaînent et son silence devient gênant, insupportable.
« Tu ne dis rien ? » je finis par tenter d’obtenir une réaction de sa part.
« Je dois y aller… ».
« C’est tout ? ... Je dois y aller ? » je m’emporte.
« Ne te monte pas la tête, Nico… » je l’entends lancer froidement, le regard absent.
La douche est glaciale.
« Je ne me monte pas la tête, mais je voudrais juste savoir où est-ce qu’on va tous les deux… parce que moi… moi je ne demande pas mieux que d’être à toi, et juste à toi… ».
« Je dois y aller… » fait-il en mode disque rayé. Un bobrun en mode disque rayé est un bobrun qui est en train de se refermer sur lui-même.
« On se voit demain ? » je tente de me rassurer.
Je voudrais tant entendre en guise de réponse cet « On verra », accompagné d’un sourire charmant, comme la promesse inavouée de retrouvaille ; je voudrais tant retrouver cette réponse et ce sourire magique auxquels il m’a habitué depuis quelques jours. Mais ce sourire, hélas, a disparu.
« J’en sais rien… » je l’entendrai lâcher, le regard fuyant, avant d’ouvrir la porte pour de bon et de se jeter dans le mouvement de la ville.
La dernière image que je retiens de mon bobrun à la fin de cet après-midi, ce sera son regard crispé, mal à l’aise. Il ne me reste ...