1. 55.1 Les envies de Jérém (troisième du nom).


    Datte: 20/04/2020, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... laconique.
    
    Il repart la chemise encore ouverte, le col remonté et deux bouts de la cravate pendouillant de chaque côté de son cou, comme un mannequin dans une pub pour un parfum de marque ; mais aussi, comme pressé de quitter ma chambre, et ma compagnie.
    
    Je le suis dans les escaliers, torse et pieds nus. Je ne veux pas qu’il reparte comme ça. Je sens que ça ne va pas. Je sens que dans sa tête, ce petit truc auquel il s’est laissé aller, ça le tracasse. Je dois trouver le moyen d’« arranger » ça. J’ai besoin d’un sourire, j’ai besoin de savoir que demain il reviendra.
    
    Nous sommes désormais dans l’entrée.
    
    « Et merde… » je l’entends pester, lorsqu’il se rend compte qu’il a fermé sa ceinture sans passer sa chemise dedans. Erreur de petit con, trop habitué au concept vestimentaire t-shirt, permettant de passer le bas tout en laissant le torse dans sa nudité le plus longtemps possible ; c’est d’ailleurs son habitude, en se rhabillant, de couvrir son torse en dernier.
    
    « Jérém attends… » je tente de le retenir.
    
    « Quoi ? ».
    
    Je le sens tendu, perturbé : ça m’arrache le cœur de voir que son visage a perdu ce beau sourire incandescent des derniers jours. Je le sens impatient de partir, et je ne veux pas qu’il parte comme ça.
    
    Je m’approche de lui, j’écarte les pans de sa chemise toujours ouverte, je le prends dans mes bras, je cherche le contact magique de son torse musclé, à la peau douce et bien chaude.
    
    « Viens là… » je tente de l’apaiser en le serrant fort ...
    ... contre moi.
    
    « Allez, Nico, il faut que j’y aille ! » fait le bogoss en se dégageant de mon étreinte.
    
    Oui, son torse est bien chaud, mais Jérém, lui, est froid et distant. Mais putain… tout ce qu’on a vécu depuis une semaine, ça ne peut pas se gâter comme ça… c’est pas possible !
    
    C’est avec une tristesse et une angoisse grandissantes que je le regarde défaire à nouveau sa ceinture, sa braguette, que je revois le boxer blanc refaire une dernière, petite apparition.
    
    Je le regarde fermer sa chemise, bouton après bouton, avec une vitesse et une aisance qui font écho par contraste avec la maladresse avec laquelle j’ai galéré à les défaire deux heures plus tôt.
    
    Je le regarde passer sa belle chemise dans le pantalon, refermer la braguette, sa ceinture.
    
    Je regarde ses doigts adroits combiner les deux bouts de la cravate pour réaliser un nœud parfait, le tout en une poignée de secondes, avec une assurance d’artiste, fingers in the nose.
    
    Je le regarde finir de s’apprêter, devant le miroir de l’entrée. Le bogoss ne semble pas se rendre compte d’un petit détail : sa chaînette de mec manque au tableau de sa perfection masculine. Je suis à deux doigts de le lui faire remarquer mais je décide sciemment de me taire : il a dû la perdre dans la chambre, je vais la chercher tranquillement après son départ. Ça nous fera un sujet de conversation pour demain. Ou, au pire, cette chaînette sera un prétexte pour se revoir, si jamais, comme je le pressens, les choses devaient à ...