L'héritage de Charlotte
Datte: 16/04/2020,
Catégories:
ff,
frousses,
fantastiqu,
Auteur: Jean-Marc Manenti, Source: Revebebe
... êtes la première de tous les propriétaires qui se sont succédés ici à nous voir. Nous nous sommes matérialisés quand vous avez franchi le portail de la propriété. Je ne sais pas comment, mais vous êtes la seule à pouvoir nous venir en aide, Nelson et moi l’avons su, dès que vous avez posé votre regard sur moi.
— C’est dingue ! Je rêve ! Tracy, dis-moi que c’est une blague ! Et que dois-je faire pour que Nelson et toi soyez en paix ?
— Et bien, j’imagine qu’il fallait quelqu’un qui soit amoureux… Ou amoureuse de moi. Le jour anniversaire de mon décès, c’est à dire le 15 août à 16 heures 10, il faudra me dire vos sentiments et, si vous êtes sincères…
Tracy ne termina pas sa phrase.
— Merde alors ! On se croirait dans un conte fantastique ! C’est donc pour ça que tu as accepté de te glisser dans mon lit ?
— Si l’amour n’était pas réciproque, Madame, ça ne marcherait pas.
— C’est donc que tu m’aimes pour de bon, Tracy ?
— Ne vous l’ai-je pas prouvé tous ces jours-ci ?
La petite Irlandaise posa sa tête sur les jambes de Charlotte, qui, aussitôt, enfouit ses mains dans son abondante chevelure.
— Mais tu as l’air tellement… comment dire… vivante ! Réelle, quoi !
— Ne me demandez pas d’explication, comme je vous l’ai dit, je me suis matérialisée lorsque vous êtes entrée en voiture dans la propriété.
— Mais le goût de ta peau, l’odeur et les saveurs de ton corps… Nos baisers, nos caresses ? gémit Charlotte qui sentait que quelque chose d’irréversible allait se ...
... passer.
— Je ne sais pas Madame, c’est comme cela, répondit Tracy, en plein désarroi.
Elle se redressa et tendit à Charlotte son visage mouillé de larmes. De la pointe de sa langue, elle recueillit les petites perles salées.
— Le 15 août, c’est dans quatre jours. Et si je refuse de te dire que je… enfin, de te dire mes sentiments, que va-t-il se passer, ma douce ?
— Je suppose que je vais disparaître et errer pour l’éternité entre les deux mondes, répondit-elle, navrée.
— Te rends-tu compte, Tracy, que je vais me retrouver seule, sans toi.
— Oui Madame, je le sais. Mais nous nous retrouverons. Quand viendra le moment, je vous attendrai.
— Tracy ! Tu me demandes l’impossible. Maintenant que je te connais, je n’imagine pas la vie sans toi.
La phrase de Charlotte se termina dans un gargouillis de pleurs.
— Charlotte, ce sera pénible pour moi aussi. Mieux vaut l’éternité ensembles qu’une vie, non ?
En entendant la petite Irlandaise l’appeler par son prénom, Charlotte, submergée par une bouffée d’amour, posa ses lèvres sur les siennes et l’embrassa tendrement.
— Puisque notre temps ensemble est compté, à partir de maintenant, nous ne nous quittons plus d’une semelle, hein ? déclara Charlotte, la voix enrouée de tristesse.
Effectivement, pendant ces quatre jours, Tracy et Charlotte ne se quittèrent pas d’une semelle. Tout d’abord, Charlotte se retira dans sa chambre pendant une heure, histoire de se remettre de ses émotions et de digérer la chose incroyable qui ...