L'héritage de Charlotte - Histoires de Sexe

L'héritage de Charlotte

... totalement incrédule, les jambes en coton, laissa échapper sa sandale et dut prendre appui des deux mains sur la stèle pour ne pas tomber à terre. Elle enfila prestement son soulier et pivota pour se précipiter vers le manoir, mais fut immédiatement stoppée dans son élan. Face à elle, se tenait la jeune Irlandaise qu’elle n’avait pas entendu venir, une expression d’immense tristesse sur le visage. Elles se fixèrent une longue minute.

— C’est toi qui es là-dessous ? s’enquit Charlotte, qui s’étonna d’une question aussi étrange.
— Oui Madame, c’est moi. Mais je vais tout vous expliquer, répondit-elle, en tendant la main.
— Non ! Non ! N’approche pas ! Ne me touche pas ! bredouilla la blonde, les yeux agrandis par la terreur.

Sans la quitter des yeux, Charlotte recula de quelques pas et heurta la dalle. Elle tomba assise dessus et se fit un rempart du sac de toile qui contenait ses affaires de plage.

— N’ayez pas peur ! Je vous en prie, je ne vous veux aucun mal !
— Un spectre ! Tu es un fantôme ! N’approche pas ! s’écria Charlotte.
— Madame, vous êtes en Écosse, et en Écosse, il y a des fantômes, c’est bien connu, rétorqua la belle rousse, avec un malicieux sourire.
— Mais ce sont des légendes, des conneries pour touristes ! pleurnicha Charlotte, qui ne savait plus que penser.

La jeune femme ne pouvait fuir sans passer à côté de Tracy. Une peur panique l’envahit et, dans un chuintement, sa vessie la trahit. Un filet d’urine coula sur la pierre entre ses jambes ...

... et glissa jusqu’au sol herbeux. À bout de nerfs, elle pencha la tête et se mit à sangloter. La petite rousse vint prendre place à côté d’elle, la prit par les épaules et attendit que cessent ses pleurs.

— Venez Madame Néville, je vais tout vous raconter devant du thé ou un bon vieux Cognac de votre pays.

Charlotte se redressa et fixa Tracy dans les yeux. Lentement, elle leva la main pour lui toucher les cheveux. Ses doigts glissèrent sur ses joues et en palpèrent la texture.

— Comment est-ce possible ? s’étonna-t-elle dans un nouveau sanglot.

Sans répondre, l’Irlandaise se leva et l’entraîna vers le manoir. Sans trop savoir comment elle était arrivée là, Charlotte se retrouva assise sur un sofa dans la bibliothèque, devant une tasse de thé fumant et un ballon de Cognac. Tracy s’assit aux pieds de la blonde, lui prit la main et commença son récit.

— C’est vrai, je suis morte en 1568, noyée par imprudence. Quand on a presque 19 ans, on est intrépide. Seulement, Nelson est mort lui aussi, à cause de moi, en voulant me porter secours.
— Alors, lui aussi ? l’interrompit Charlotte.
— Oui Madame. Sa tombe est dans le cimetière du village. Il est dans le caveau de sa famille. Je pense que si j’erre entre deux mondes, c’est parce que j’ai causé la mort de quelqu’un. Ce n’était pas le moment, ni pour lui, ni pour moi. Je crois que vous seule pouvez nous aider à trouver la paix.
— Moi ? Mais comment le sais-tu ? Et que dois-je faire ?
— Depuis tous ces siècles, vous ...