L'héritage de Charlotte
Datte: 16/04/2020,
Catégories:
ff,
frousses,
fantastiqu,
Auteur: Jean-Marc Manenti, Source: Revebebe
... l’office, Charlotte parcourait l’un des vieux ouvrages dans la bibliothèque, ou inspectait la lande ou le bord de mer à la jumelle. Puis les deux femmes se couchaient, faisaient l’amour avec volupté et passion. Chaque matin elles s’éveillaient dans les bras l’une de l’autre. Très rapidement, une sorte de dépendance physique les unit, tandis que le sentiment d’amour qu’elles éprouvaient l’une envers l’autre s’amplifia pour devenir véritable passion.
Un matin Charlotte entra dans la cuisine et enlaça la belle irlandaise.
— Regardes-moi, j’ai un truc à te dire.
Tracy plongea ses yeux de chat dans ceux de la blonde.
— J’ai téléphoné à mes parents en France, déclara-t-elle.
— Ils vont venir nous rejoindre ? s’enquit Tracy.
— Pas vraiment… Je leur ai dit que je ne rentrerai en France qu’occasionnellement… Je suis si bien ici, avec toi.
Tracy n’eut pas le temps de faire de commentaire, son interlocutrice avait déjà disparu de la pièce dans un grand rire joyeux.
La tournure de ce séjour paradisiaque changea le samedi suivant, lorsque Charlotte, alors que la rousse irlandaise faisait le ménage dans la bibliothèque, décida de visiter le jardin qu’elle avait aperçu en allant à la plage. Après un signe de la main de Tracy depuis une fenêtre, Charlotte bifurqua donc, et au bout de quelques mètres, se trouva nez à nez avec une porte de fer en partie rongée par la rouille. Visiblement l’endroit avait été laissé depuis très longtemps à l’abandon. La végétation cachait ...
... le petit muret de pierres surmonté d’une grille tout aussi rouillée que la porte, voilà pourquoi elle n’avait pas vu tout de suite le petit jardin. Il faisait chaud, les insectes bourdonnaient autour d’elle. Charlotte poussa le ventail qui résista un peu, puis s’ouvrit dans un grincement aigu et plutôt sinistre, qui vrilla ses oreilles. Elle hésita un instant puis entra.
Le terrain formait un rectangle d’environ une dizaine d’ares. L’herbe était haute, les quelques arbres étaient chargés de fruits presque mûrs. De temps à autre, on pouvait apercevoir un bout usé de ciment rectangulaire qui, il y a sans doute bien longtemps, devait servir à délimiter des parcelles de terre destinées à la culture des petits pois, des salades ou peut-être à la production de fleurs décoratives pour le manoir. La jeune femme parcourut avec nonchalance le petit lopin de terre et s’arrêta, un peu étonnée de sa trouvaille, devant une dalle de pierre recouverte d’une mousse verte. On devinait sous la couche végétale des inscriptions gravées et, vers le haut, le relief d’une croix.
Charlotte, piquée par la curiosité, ôta une sandale pour s’en servir comme grattoir. Une fois découverte, la croix se révéla être des plus ordinaire, d’un point de vue artistique, si ce n’est un chérubin qui remplaçait l’habituel Christ. En revanche, l’usure des lettres gravées rendit La lecture de l’inscription plus difficile. Néanmoins, Charlotte put lire : Tracy O’Hara 17 mai 1550 - 15 août 1568.
La jeune femme, ...