1. La miraculée


    Datte: 15/04/2020, Catégories: fh, hplusag, nonéro, Auteur: Divine, Source: Revebebe

    ... voulu de moi, je suppose.
    — On dirait, fit-il, en me jetant un regard étrange. À propos, c’est moi qui vous ai désincarcérée.
    
    Remarquant ma pâleur soudaine, il s’interrompit.
    
    — C’est bon. Allez-y, continuez ! l’encourageai-je. J’aimerais savoir ce qui est arrivé après le crash.
    — Un autre conducteur nous a prévenus. Votre Clio venait de le doubler, juste avant son plongeon dans le ravin. Une chance, on passait justement par là. On est arrivé sur les lieux en moins de cinq minutes, juste à temps pour empêcher le véhicule de prendre feu.
    — Et vous veniez d’où ?
    — Ah oui, je vous ai pas dit. Je suis pompier à Lancroix… Enfin bref, malgré l’état de l’épave, j’étais persuadé qu’il y avait encore des survivants dans l’habitacle. Heureux de ne pas m’être trompé.
    — Et moi donc ! Monsieur… ?
    — Marc Ginest. Pas de «monsieur», avec moi, je vous en prie ! fit-il avec un large sourire.
    — Sophie Hash. Enchantée d’être toujours là pour vous parler…
    
    Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase. Une tornade grise venait de s’engouffrer dans la pièce. Ma mère, folle d’inquiétude, qui caquetait de bruyantes louanges, remerciant le Seigneur de lui avoir laissé sa fille. Du coin de l’œil, je vis mon beau sapeur quitter la chambre, me faisant un petit signe discret de la main. Je tournai alors toute mon attention vers la «Mater Familias», et entrepris la difficile tâche de la convaincre que j’étais définitivement hors de danger.
    
    --oOo--
    
    On me garda en observation moins de ...
    ... quarante-huit heures, avant de me laisser quitter l’hôpital. Ma mère resta à mon chevet durant ces deux jours, ne s’éclipsant de ma chambre que pour les soins - réduits au minimum. Le lundi matin, je la raccompagnai à la célèbre gare de Perpignan, immortalisée par Dali. Je crus qu’elle allait rater son train pour Clermont-Ferrand, tant elle s’accrochait à moi.
    
    — Tu comprends Sophie, j’ai eu tellement peur de ne jamais te revoir !
    — Mais non, ma petite maman, tu vas devoir me supporter encore quelques décennies…
    — Ne dis pas d’idioties, s’il te plaît ! Tu es sûre que tu ne veux pas venir passer quelques semaines chez nous ?
    — Et les élèves ? Qu’est-ce que tu en fais ?
    
    Essuyant une larme, je regardai partir son train. Malgré l’agacement que j’affecte parfois en leur présence, j’adore mes parents, mais j’ai par-dessus tout besoin de mon indépendance.
    
    Avant de quitter la gare, j’achetai le journal local auRelay H et le parcourus en buvant un café. Dans la rubrique faits divers m’attendait un article sur l’accident :«Une jeune femme échappe miraculeusement à la mort». Une photo montrait la Clio de Jean dans le ravin. Quand je vis l’état du véhicule, mon cœur manqua un battement ou deux. Une charpie de plastique et de métal tordu, laminée par un poing géant. Il semblait impossible qu’un être humain ait pu s’en sortir indemne. Et pourtant, j’étais toujours là, bien vivante.
    
    Je ne remontai sur Lancroix que le mardi soir, après avoir assisté aux obsèques. La paroisse ...
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