1. La miraculée


    Datte: 15/04/2020, Catégories: fh, hplusag, nonéro, Auteur: Divine, Source: Revebebe

    ... d’intimité et de confiance s’était instinctivement établie entre nous, une proximité qui aurait pu faire penser que nous nous connaissions depuis longtemps. J’étais tout simplement bien avec lui, heureuse de ces instants complices. Ce n’est qu’à la fin du repas, voyant la salle presque déserte, que je me rendis compte de l’heure qu’il était.
    
    — Oh, mon Dieu ! Mais il est tard !
    — À peine minuit.
    — C’est que je travaille, moi, demain…
    — Veux-tu que je te raccompagne ? fit-il, haussant un sourcil craquant. En tout bien, tout honneur, évidemment.
    
    J’effleurai sa main, le remerciant de cette attention.
    
    — C’est sympa de ta part, Marc. Aurais-tu peur que la miraculée de la route ne s’envoie en l’air toute seule dans sa voiture ?
    
    Il déglutit. Encore cette expression de détresse, sur son visage. Quelles épreuves avait donc endurées Marc, pour être aussi réactif ? Était-ce la crainte de ne pas transformer l’essai avec moi ? Je m’empressai d’accepter sa proposition et lui passai les clefs de ma 206. Après tout, c’était peut-être plus prudent. J’avais un peu trop bu, alors que Marc était resté parfaitement sobre.
    
    Il me reconduisit chez moi sans quitter des yeux la chaussée glissante, tandis que nous continuions notre conversation débridée. Arrivé devant mon chalet, il se gara et coupa le contact. Je me sentais merveilleusement en ...
    ... sécurité avec lui, merveilleusement moi-même. À vrai dire, je n’avais aucune envie de terminer cette soirée seule. C’était peut-être le moment de le lui faire comprendre…
    
    — Avoir un pompier à ses côtés, ça rassure drôlement ! glissai-je avec un frisson dans la voix, tout en frôlant sa cuisse.
    
    Pas de réactions. Contrôle parfait. Un vrai gentleman. Marc défit sa ceinture de sécurité. L’espace d’un instant, je crus qu’il allait se pencher vers moi et m’embrasser. En réalité, je l’espérais sincèrement. Mon cœur faisait de gros boum-boum de midinette dans ma poitrine. Au lieu de ça, il sortit de la voiture et vint galamment ouvrir ma portière.
    
    — Et voilà… Mission terminée, colis livré à bon port. Aucune avarie à signaler.
    — Colis ? Quel qualificatif flatteur pour une jeune fille ! dis-je, brandissant mon sac à main Kookaï en faisant mine de le frapper.
    
    Il rit, levant le bras pour parer le coup fictif, puis il se rapprocha et me planta une bise sonore sur la joue pour s’excuser. J’aurais préféré qu’il m’enlace, mais ma fierté m’empêchait de lui faire part de ma déception. J’avais envoyé assez de signaux pour provoquer un rapprochement, mais ça ne devait pas être assez clair pour Marc car il n’en prit pas l’initiative. Après un dernier au revoir, il tourna les talons et rentra chez lui à pied, dans la nuit grise et froide.
    
    À suivre… 
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