La miraculée
Datte: 15/04/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
nonéro,
Auteur: Divine, Source: Revebebe
... dépassé Font-Romeu et n’étions plus très loin de Lancroix. Je ne sais pas si Jean cherchait à m’impressionner en roulant à cette allure de taré ou bien simplement à se défouler, mais sa conduite imprudente m’agaçait prodigieusement.
— Arrête tes idioties, maintenant. Ralentis ! exigeai-je pour la troisième fois.
— Sophie a raison, ajouta Yves, un autre collègue - inexistant, celui-ci - assis à l’arrière. On n’est pas pressé, ça nous avancera à rien de nous planter…
Jean fit comme s’il n’avait rien entendu, accélérant de plus belle. Le paysage sortait du néant avec une célérité effrayante, se propulsant vers nous à plus de cent trente km/h. À deux heures du matin, sur cette petite départementale de montagne sans éclairage public, cet abruti fonçait comme s’il maîtrisait tous les paramètres de la conduite sportive. C’était sûrement loin d’être le cas à jeun, alors avec tout ce qu’il avait ingurgité… Je vérifiai ma ceinture et m’apprêtai à pousser un cri strident pour le faire réagir quand, au détour d’un virage, une forme sombre se matérialisa soudain dans les phares de la Clio, en plein milieu de la route.
— Putain ! Merde !
Je m’accrochais désespérément à la poignée de maintien, au-dessus de ma tête, fermant les yeux et me préparant à l’impact avec le pauvre animal. Jean donna un large coup de volant et la voiture quitta immédiatement la chaussée. Je n’eus même pas le temps d’avoir peur. Il y eut un bruit de tôles défoncées et l’habitacle se mit à tournoyer ...
... follement. Des éclats de verre volaient en tout sens, accompagnant l’horrible série de rebonds du véhicule. Une sensation brutale vida l’air de mes poumons, tandis que se produisait un énorme choc. Une matière chaude et gluante aspergea mon visage. Juste avant que je ne perde connaissance, je compris que la boîte crânienne de Jeannot venait d’exploser comme une pastèque trop mûre.
--oOo--
Je retrouvai mes esprits dans l’ambulance m’évacuant vers Perpignan et son hôpital départemental. Mon cou était bloqué par une minerve, j’avais mal un peu partout, mais au moins étais-je en vie. J’eus une pensée pour Yves Delporte, le prof de Français, l’alibi de Jeannot pour cette virée entre célibataires en cette veille de premier mai. Yves n’avait pas pris la précaution de s’attacher. Dans quel état était-il ?
Je voulus vérifier sa présence dans l’ambulance et me soulevai sur un coude, sans même songer aux fractures dont j’aurais pu souffrir. Un infirmier, ballotté par les secousses du véhicule sanitaire, se pencha aussitôt vers moi.
— Mademoiselle ! Vous ne devez surtout pas bouger !
— Qu’est-ce qui est arrivé ?
— Une sortie de route, à grande vitesse. On vous a trouvée au bas du ravin.
— Yves… Il s’en est sorti ?
— Nous n’avons rien pu faire pour les deux hommes qui étaient avec vous. Vu l’état de l’épave, c’est déjà prodigieux que vous soyez vivante…
L’infirmier me demanda comment je me sentais, avant de me rassurer sur mon état général. Malgré les tonneaux effectués par ...