1. La miraculée


    Datte: 15/04/2020, Catégories: fh, hplusag, nonéro, Auteur: Divine, Source: Revebebe

    ... la Clio, je n’avais à priori subi aucune lésion majeure. Afin d’écarter toute possibilité de traumatisme cérébral ou de lésion interne, je devais cependant subir toute une batterie d’examens dès mon arrivée au centre hospitalier.
    
    Ma nomination au Lycée de Lancroix ne datait que de quelques mois, mais j’avais eu le temps de créer des liens avec Jean Axat et Yves Delporte. Pensant à mes deux malheureux compagnons, je laissai mes larmes rouler sur mes joues. À la fois tendue et nauséeuse, presque sans forces, je me sentais dans un état bizarre. Le choc, j’imagine… Une sorte de stupeur post-traumatique m’avait envahie. Je me laissais lentement dériver, ne réalisant pas vraiment que j’aurais très bien pu mourir dans ce ravin, moi aussi.
    
    C’est alors que je remarquai un homme assis sur une banquette, à mes côtés. Un pompier. Pourquoi m’avait-il accompagnée dans le fourgon ? Tête baissée, le regard fixé sur le plancher de la cabine, il n’avait pas l’air dans son assiette. Sur son visage se mêlaient mélancolie et tristesse. Cet accident devait lui rappeler toutes les autres victimes, proches ou non, simples inconnus, amis, parents, qu’il avait vues mourir sans pouvoir rien y faire. Il finit par lever de grands yeux sombres et m’observa un instant, aussi pâle qu’un fantôme. Je m’imaginais ce qu’il devait voir sur le brancard : une accidentée qui s’en était sortie indemne au final. Pourquoi moi et pas quelqu’un d’autre ? Le hasard, la Providence… Ce n’était pas mon heure, ...
    ... voilà tout.
    
    Je dus m’assoupir, car je me retrouvai sans transition allongée sur une table d’examen, une infirmière me déshabillant avec précaution. C’est étonnant comme la pudeur est une posture mentale toute relative ; nue et exposée, j’attendais la fin de l’auscultation sans aucune gêne, alors que plusieurs médecins étaient présents dans la pièce. Après une longue série de radios et un scanner, on me couvrit enfin d’un voile pudique et on m’installa dans une chambre.
    
    --oOo--
    
    Les somnifères qu’on m’avait donnés m’assommèrent quelques heures. Ce repos artificiel fut haché de cauchemars, où mon corps chutait sans fin, avant de se briser comme du verre. Je me réveillai en début d’après-midi, avec l’impression d’avoir été rouée de coups. J’avais très mal à la nuque et une migraine lancinante me vrillait les tempes. Chaque inspiration comprimait douloureusement ma cage thoracique. Levant la main, je palpai avec précaution mon front bandé. Une grosse bosse surmontait mon sourcil gauche.
    
    Je sonnai pour me signaler à l’infirmière. Il lui fallut dix bonnes minutes pour pointer le bout de son nez dans ma chambre. Elle m’expliqua que j’avais deux côtes fêlées, des plaies mineures au cuir chevelu et toute une série de vilaines contusions. De larges plaques noires bleutées s’étalant sur mes épaules, le haut de mon buste, mes bras et mes jambes. Les hématomes allaient lentement virer au brun, puis au jaune, avant de disparaître. Pour les côtes fêlées, ça allait prendre quelques ...
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