1. La collègue est morte


    Datte: 07/04/2020, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... fort, je vous le jure… mais son… corps a rebondi sur le capot, je l’ai vu… voltiger dans les airs, rouler, rouler sur le sol… la voiture était depuis longtemps arrêtée que Tamia… roulait encore… je ne savais pas… Seigneur, c’était Tamia…
    
    Mina se mordit violemment les lèvres, l’air bouleversé.
    
    — Tamia MacCormac, oui, dit un des deux inspecteurs, d’une voix douce. Vous la connaissiez bien, n’est-ce pas ?
    — Oui… Tamia. Tamia était ma meilleure amie. C’était aussi ma collègue à la bibliothèque annexe… je ne comprends pas… ce qu’elle faisait hors de la bibliothèque à cette heure.
    — Votre collègue nous a appris qu’elle avait reçu un coup de téléphone, et qu’elle s’était précipitée dehors. La connaissez-vous depuis longtemps ?
    
    Mina regardait toujours ses mains. Lentement, deux larmes coulèrent parallèlement le long de ses joues pâles.
    
    — Oui. Nous nous connaissions depuis plus de six ans.
    
    Les deux inspecteurs hochèrent la tête en même temps. Ils avaient l’air désolé. Pourtant Mina était certaine qu’ils la considéraient comme une meurtrière.
    
    — Qu’avez-vous fait ensuite, madame Hendrowks ?
    — Je… j’ai… je suis descendue de voiture. Enfin, je crois. Je ne m’en souviens pas. Et je suis restée là à… à regarder le sang, partout par terre. Il y avait du sang même jusque dans mes chaussures. Et ses cheveux blonds… Ils étaient tout souillés… et son corps…
    
    Mina pleurait doucement. Elle étouffa un sanglot avec sa main.
    
    — Je l’ai tuée mon Dieu, je l’ai tuée… oh mon ...
    ... Dieu !
    
    Les deux policiers semblèrent se consulter du regard, puis l’un d’eux s’approcha d’elle et passa un bras autour des épaules de la jeune femme, en un geste de réconfort.
    
    — Calmez-vous, madame Hendrowks. Calmez-vous. Vous n’êtes pas responsable et nous le savons.
    
    Elle releva la tête avec lenteur. Son visage était baigné de larmes. Elle avait un regard de noyée.
    
    — C’est fini, dit l’autre policier.
    — C’est… fini ? répéta-t-elle d’un air égaré. Je ne vais pas en prison ? Je peux partir ?
    — Non madame, vous n’allez pas en prison. Vous pouvez partir. Personne n’a porté plainte. Pour l’instant, vous êtes inculpée d’homicide involontaire. On vous précisera la date de votre jugement dans quelques jours. Rentrez chez vous.
    
    Mina se leva péniblement, serrant son sac tout contre elle. Ses yeux étaient obscurcis d’un voile de détresse.
    
    — Merci, prononça-t-elle du bout des lèvres.
    
    Elle pivota sur ses talons et sortit.
    
    Mina ouvrit la porte de son appartement, entra, referma la porte. Puis elle resta immobile au milieu du vestibule, les yeux dans le vague.
    
    Quelques minutes passèrent ainsi. Elle écoutait le silence de son appartement avec une résignation mêlée de tristesse. David n’était pas là. Il ne rentrerait probablement pas cette nuit. Comme d’habitude.
    
    Mina sembla enfin reprendre vie et se dirigea résolument vers son living, où elle déposa sac et manteau. Le voyant rouge du répondeur clignotait. Dieu, qu’elle détestait cette couleur ! Avec un soupir, ...
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