1. La collègue est morte


    Datte: 07/04/2020, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... moites. Elle avait pourtant très froid. Elle se mit à frissonner violemment.
    
    — Madame ?
    
    Elle s’aperçut alors qu’un des ambulanciers était devant elle, lui bouchant la vue du sang et du corps sans vie.
    
    — Est-ce que vous êtes blessée, madame ? interrogea-t-il.
    
    Elle le regarda. Il avait de beaux yeux bleus. Elle eut l’impression qu’il la fixait avec accusation. Non, en fait, elle n’en avait pasl’impression, elle en étaitsûre.
    
    — C’est Tamia, dit-elle stupidement.
    
    Était-ce vraiment elle qui venait de parler ? Était-ce vraiment sa voix, ses lèvres qui avaient remué ? Était-ce vraiment elle ?
    
    Il hochait la tête. Il eut un vague geste de la main
    
    — Vous êtes blessée ? répéta-t-il – comme si tout ce qu’elle pouvait dire était profondément sans importance. Avez-vous mal quelque part ?
    
    « Arrêtez de me regarder comme ça. Ce n’est pas vrai, je n’ai tué personne ! Ce n’est pas ma faute ! Cessez de me regarder avec cet air là ! »
    
    — Oui… s’entendit-elle murmurer d’une voix méconnaissable, presque surnaturelle. Non… je ne sais pas. Tamia ?
    
    Quelqu’un lui posa soudain une couverture sur les épaules.
    
    Elle sursauta.
    
    — Elle est morte, madame, lui dit l’ambulancier (assez sèchement). Vous avez reçu un choc. On va vous emmener.
    
    « M’emmener où ? » pensa-t-elle avec confusion. Mais la question cette fois n’était pas sortie de sa bouche. L’ambulancier n’était déjà plus là. Et sur le bitume, il n’y avait plus que le sang qui rougissait les pores de la chaussée. ...
    ... Sortant de son apathie, Mina tourna la tête de tous les côtés et finit par apercevoir le corps de Tamia dans une espèce d’enveloppe noire, allongé sur un brancard, qu’on transportait dans l’ambulance aux gyrophares flamboyants. Puis quelqu’un remonta la fermeture, et il n’y eut plus que ce sac noir.
    
    Ça n’a pas de sens, pensa-t-elle. C’est absurde. Impossible.
    
    — Tamia ? murmura-t-elle. Réveille-toi.
    
    Mais ils installaient le corps dans l’ambulance, à présent. Des gens, avides d’horreur, se pressaient contre les barrières.
    
    Mina s’aperçut brusquement qu’il y avait à nouveau quelqu’un en face d’elle. Elle leva les yeux. C’était un policier. Il tenait un bloc-notes et un crayon. Elle lui trouva l’air méchant et accusateur.
    
    — Votre nom, madame ? demanda-t-il d’une voix impersonnelle.
    
    Il faisait froid. Mina grelottait. Elle resserra frileusement les pans de la couverture autour d’elle. L’ambulance démarra et s’éloigna lentement, en silence cette fois. Des passants s’interpellaient bruyamment, commentant l’accident. Mina comprit vaguement les mots « chauffard », « meurtre », et « folle ».
    
    Elle regarda le policier.
    
    Ce n’est pas ma faute, pensa-t-elle désespérément. N’y aurait-il jamais personne pour la croire ?
    
    — Mina Hendrowks, répondit-elle enfin d’une voix sans timbre. H-E-N-D-R-O-W-K-S.
    — Domicile ? continua le policier, sans lever les yeux de son calepin.
    
    Elle le lui dit. Mais en même temps qu’il posait ses questions bêtes et sans signification, elle ...
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