La collègue est morte
Datte: 07/04/2020,
Catégories:
nonéro,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... secondaire d’un choc.
Elle hésita, puis enfin se résigna à retourner au lit. Il était bientôt vingt et une heures trente. Il était encore tôt. Elle avait peur, et elle était toute seule. Peut-être aurait-elle dû rester à l’hôpital ? Peut-être était-elle devenue folle ?
Dans son lit, elle n’arriva pas à dormir toute de suite. Elle claquait des dents. Tels des oiseaux de mauvais augure, les pensées tournaient et retournaient dans sa tête, incohérentes et violentes. Tout brillait derrière ses paupières closes. Elle avait du mal à respirer. Sans s’en apercevoir, elle sommeilla, et les pensées continuaient à se cogner contre les parois de son cauchemar… elle revoyait la rue, le volant entre ses mains… elle entendait la chanson qui passait à la radio…You are so beautiful, my only love… it’s so beautiful… Puis la silhouette sur le trottoir… Silhouette qui court, qui court très vite… le choc, foudroyant, inattendu, épouvantable… et le sang…
Tamia est morte… ma collègue est morte….J’ai froid. Elle est morte morte morte je l’ai tuée… J’ai mal j’ai froid… Un bruit dans la cuisine, quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Ce n’est pas ma faute, les policiers l’ont dit aussi… tu t’es quasiment jetée sous mes roues Tamia ! Qu’est-ce qui t’a pris ? Pourquoi as-tu fait ça alors que je fonçais sur la route ? Reste sur le trottoir Tamia, reste, non, NON ! C’est quoi ces bruits dans la cuisine ? Les poissons déménagent, je les entends, ils font leurs valises. Eux aussi ils vont découcher ? Je ...
... t’aimais tellement Tamia, tellement… Adieu poissons rouges… Tu déprimais Tamia tu déprimais ? Tu m’écoutais toujours parler de David mais que me disais-tu, tu ne me disais rien, tu déprimais ? J’ai freiné freiné mais tu étais morte, ce n’est pas ma faute Tamia ce n’est pas ma faute.Si c’est ta faute. Tu m’as tuée
En hurlant, Mina se redressa dans son lit. Son corps était couvert de transpiration sous son pyjama. Elle était essoufflée et elle tremblait terriblement. Angoissée, elle fouilla sa chambre du regard, dans tous les sens. Avant de comprendre enfin que le téléphone sonnait dans la cuisine. Pourtant, elle était sûre que ce n’était pas cela qui l’avait éveillée, comme ce n’était toujours pas le téléphone qui l’avait fait hurler. On aurait dit qu’on lui avait parlé. « Je deviens complètement cinglée », pensa-t-elle en se levant laborieusement.
Elle était dans la cuisine et tendait la main vers le téléphone quand elle se rappela le coup de fil du petit plaisantin de tout à l’heure, qui avait éclaté d’un rire vengeur dans son oreille. Elle se raidit, serra les lèvres, incertaine, puis enfin décrocha le combiné et le porta à son oreille, la bouche sèche.
— Allô ? fit-elle d’une voix un peu rauque et horriblement crispée.
— Mina chérie, c’est maman, répondit immédiatement la voix inquiète de sa mère. Tu vas bien ?
— Oh maman ! C’est toi ! s’écria Mina avec un rire nerveux.
Le soulagement tomba sur elle comme une chape de plomb.
— Je suis tellement heureuse de ...