Isild n'est pas si loin
Datte: 23/03/2020,
Catégories:
nonéro,
mélo,
Auteur: Loïs, Source: Revebebe
... traverse les rideaux, il fait donc déjà jour. Il faut que je me lève. Je ne peux m’empêcher d’y penser. Le lendemain de l’accident, il m’a rappelée pour me proposer de vérifier devant un café que nous n’avions omis aucun détail sur nos déclarations.
— Bonjour, Alexandrine. C’est Nicolas.
— Oh, bonjour. Mais, vous savez, tout le monde m’appelle Alex.
— Partante pour un café ?
— Je serai prête dans une demi-heure, ça vous va ?
— Je passe vous prendre tout à l’heure. Pas de souci.
Du café à une promenade au lac, il n’y a eu qu’un pas que nous avons vite franchi. La journée était magnifique, les fleurs embaumaient l’air de leurs parfums entêtants. Notre conversation enjouée dérivait lentement sur la poésie. Mes yeux ne pouvaient plus quitter les siens, je buvais chacune de ses paroles. Nous étions accoudés à la rambarde du pont, je regardais les reflets des arbres danser sur la surface de l’eau, au gré d’un oiseau ou d’un insecte qui en effleurait la surface.
— Est-ce que tu connais la légende de ce pont ?
— Non, dis-je dans un éclat de rire. Une histoire de dragon et de princesse peut-être ?
Il se rapprochait tout doucement de moi et finalement me prit la main.
— On l’appelle le pont des amants maudits.
— Quelle horreur, mais pourquoi ça ?
— Il y a très longtemps, deux amoureux que tout séparait ont décidé de s’enfuir ensemble, ils se sont donné rendez-vous sur ce pont, mais, à peine arrivée ici, Isild fut rejointe par un messager qui lui apprit que son ...
... Gérault avait préféré s’enfuir avec une autre. Elle s’est jetée du haut de ce pont et s’est noyée. On dit que le message était faux et que l’on aperçoit quelques fois l’amoureux abandonné qui appelle désespérément sa belle au bord de l’eau.
— Partons d’ici alors. Je crois qu’à sa place moi aussi j’aurais été désespérée.
— Avec moi, tu ne le seras jamais.
Ce fut là notre premier baiser, scellant le pacte d’un amour parfait, tendre et doux comme ses lèvres.
Le sifflement de la bouilloire, il faut que j’arrête de rêvasser, ça ne m’apporte pas de bonnes choses. Le thé brûlant me réchauffe un peu, je rallume mon portable, j’ai trois messages. Deux de Juliette, elle me cherche et veut me parler. Un de lui. Je ne vois pas de quel droit il se permet de m’appeler encore Mon Amour. Je ne les rappellerai ni l’un ni l’autre. De toute façon, je vais être en retard si je ne me dépêche pas. Après avoir rapidement enfilé un tailleur-pantalon noir et mis juste une touche de rouge satin, je me dirige vers ma voiture.
Les embouteillages, rien de tel le matin. La radio hurle une chanson d’un quelconque groupe de rap, je ne suis pas d’humeur à supporter ça. Je zappe immédiatement, évidemment il faut que ce soit notre chanson. On dirait que le hasard s’acharne sur moi. J’écoute les notes s’égrener une par une, la voix plaintive de Bono, le chanteur de U2, réclamer un amour unique. Heureusement que j’arrive, sinon je craquerais.
Allergique aux ascenseurs, je prends l’escalier. Ma ...