1. Le récit de Maricke


    Datte: 04/03/2020, Catégories: prost, hdomine, chantage, portrait, amourdram, tarifé, Auteur: Lionévitch, Source: Revebebe

    ... mais celle-ci n’accepta pas et donna même quelques pruneaux séchés à chacun de nous.
    
    La route fut plus courte que nous l’avions imaginé et vers quatre heures nous étions arrivés à destination. Il y avait là un grand nombre de personnes qui comme nous, demandaient asile pour la nuit. Les sœurs paraissaient imperturbables devant cet afflux et s’étaient organisées pour parer au plus pressé. Nous n’étions pas mal reçus mais, en comparaison de notre soirée d’hier, l’accueil était bien froid. Elles remirent à ma mère, en plus d’un petit pain pour les enfants, un petit papier plié en lui disant d’en suivre les indications. Ma mère remercia, bien qu’elle ne sache pas lire, mais elle avait confiance en moi pour voir de quoi il retournait.
    
    J’étais allée à l’école presque deux années et je lisais couramment. Mais, quand elle me tendit le mot, j’eus bien du mal à deviner les lettres griffonnées trop vite et d’une manière inhabituelle pour moi. Je pus tout de même déchiffrer celui-ci et nous partîmes après avoir demandé notre route à une dame au bord du chemin. Les villages étaient maintenant de plus en plus près, les routes plus larges et plus fréquentées. Le lendemain, après une autre nuit dans un hospice des sœurs, nous sommes arrivés en vue de Saint-Quentin et cette grande ville marchande devait être notre terminus.
    
    L’adresse qu’avait donnée la femme de l’ingénieur était à l’autre bout de la ville et nous avons passé bien du temps pour nous y rendre. Il était tard quand nous ...
    ... avons frappé à la porte de l’amie de notre bienfaitrice. Celle-ci nous reçut gentiment, mais dit fermement à ma mère qu’elle ne pourrait l’engager. Elle avait embauché la semaine passée une jeune fille et ne cherchait plus. Elle nous donna l’adresse du refuge des nécessiteux, comme elle dit. Nous pourrions nous y faire héberger quelques jours. Nous étions déçus, et l’adresse était bien loin encore. Il faisait nuit lorsque nous avons frappé au portail de l’institution des Petites Sœurs des Pauvres. On nous conduisit dans un dortoir, où plusieurs femmes et filles couchaient déjà. La principale nous montra une paillasse et nous dit de nous arranger avec ça. Nous nous sommes aussitôt couchés et endormis comme des souches, ne pensant pas à la faim qui nous tenaillait pourtant.
    
    Le lendemain, la supérieure nous dit que nous pourrions rester quinze jours au plus et que les enfants devraient aider aux taches communes. On donna à ma mère les adresses des lieux d’embauche et celle-ci partit en faire le tour. Elle se fit refuser de nombreuses fois par des bourgeoises auxquelles l’absence de références et ses habits flétris étaient la preuve de son incompétence. Elle trouva finalement, au bout de trois jours, un emploi de serveuse dans une auberge et elle fut très satisfaite de sa première journée.
    
    Le restaurant était grand et clair, les cuisines fort propres et les patrons agréables. Il y avait une petite dizaine de chambres pour les pensionnaires et beaucoup de clients paraissant ...
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