1. Le récit de Maricke


    Datte: 04/03/2020, Catégories: prost, hdomine, chantage, portrait, amourdram, tarifé, Auteur: Lionévitch, Source: Revebebe

    ... pas fâcher notre dernière amie. Elle me prit dans ses bras et me serra si fort que je crus mourir étouffée.
    
    Les jours précédents, elle avait fait l’aumône dans tous les lieux où il était possible de recevoir un petit quelque chose. Refait le siège des bureaux de la direction de la compagnie et même de l’ingénieur. Pour ce dernier, elle alla jusque chez lui. Sa femme l’avait reçue et lui avait donné un peu d’argent. Elle lui confia également l’adresse d’une amie qui, lui dit-elle, recherchait une employée et celles de congrégations qui pourraient nous aider pour le voyage.
    
    Elle me dit qu’elle avait réussi à recueillir vingt-cinq francs et quelques adresses, et que nous partirions demain. Nous avons plié nos quelques affaires, le gros sac de mon défunt père et deux petits balluchons suffirent pour rassembler tous nos trésors. La nuit fut bien longue, je serrais dans mes doigts mon fétiche, demandant à papa de nous venir en aide. Il était huit heures le lendemain lorsque nous avons refermé pour la dernière fois la porte de notre chez nous. Nous avons marché quatre heures dans le matin, étonnamment doux, de ce cœur de l’hiver. C’était comme si le ciel voulait fêter notre départ. Il était midi quand nous sommes arrivés à Denain. L’adresse que lui avait donnée madame de Catigny était bonne et les Filles de la Charité nous ont accueillies avec le meilleur cœur. Après un déjeuner frugal mais agréable, nous nous sommes remis en route. Nous devions coucher à Cambrai et il nous ...
    ... restait plus de quatre lieues pour y arriver.
    
    Au bout de trois heures de marche, les petits se plaignirent d’être fatigués, je l’étais aussi et maman sans doute tout autant. Nous décidâmes de faire une halte. Quand nous sommes arrivés à notre but, nous avons eu toutes les peines du monde à nous faire ouvrir la porte. Le repas était déjà pris. Finalement la sœur de jour a accepté de nous donner un morceau de pain et nous a conduits dans une petite cellule où nous pourrions, nous dit-elle, passer la nuit.
    
    À quatre heures, nous avons été réveillés pour participer à l’office et, sans que quelqu’un nous ait offerts de nous restaurer, nous reprenions notre chemin. La mère supérieure nous avait indiqué notre étape du soir et la direction qu’il nous faudrait suivre. En chemin nous nous arrêtâmes dans un petit village où un fermier, auquel nous demandions de l’eau, nous proposa de partager sa table.
    
    — C’est le mariage du fils, nous dit-il, tous sont les bienvenus à la fête !
    
    Je n’avais jamais autant vu de choses sur une table, et je me goinfrai. Je me rendis même malade et le maître de maison proposa à ma mère de nous héberger pour la nuit. Il nous installerait dans le foin au-dessus de l’étable. Ma mère, voyant que nous ne pourrions atteindre Saint-Quentin avant la nuit, accepta. Nous avons dormi comme des loirs repus, et le soleil était déjà haut quand nous nous sommes levés. La patronne nous avait préparé un repas pour le midi. Avant de partir ma mère demanda à la payer, ...
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