1. Le temps suspendu


    Datte: 19/01/2020, Catégories: ff, jeunes, couleurs, poilu(e)s, amour, miroir, odeurs, Masturbation massage, Oral init, exercice, confession, Auteur: Coqueluche, Source: Revebebe

    ... Mais ça fait bien une décennie que je n’ai pas mis de jupe, ni de robe, ni de tout ce qui ressemble de près ou de loin à une tenue « féminine » ! Il y a bien cette jupe d’un rouge pétant que papa m’avait ramenée de Paris, il y a deux ans. Je ne l’ai mise qu’à la maison. Elle m’arrive à mi-cuisse et me moule les fesses comme une deuxième peau…Quelle idée, mon colonel !. Il y a aussi cette robe qu’il m’avait achetée pour que je l’accompagne au bal des officiers, l’an dernier : une longue robe en mousseline de soie qui me tombait jusqu’aux chevilles, et arborait un discret décolleté en V. Nous avions choisi le bleu Majorelle, cela va de soi : Marrakech, quand tu nous tiens ! Elle allait bien à ma silhouette plutôt élancée de sportive acharnée, je dois le reconnaître. Mais outre qu’un tel accoutrement risque de ne pas passer inaperçu lorsque je vais monter dans le bus, ma répugnance naturelle à ce genre d’élégance me dissuade même de la sortir de la penderie.
    
    Décidément, non ! Jen’ai rien à me mettre ! pour reprendre le cliché têtu qu’on colle aux filles censées n’être que des poupées obsédées par les tenuesfashion. Et, par ailleurs, vu mes aspirations, c’est à dire retirer tout ce qui pourrait gêner de près ou de loin mon rapprochement corporel avec Cassandre, autrement dit, faire en sorte qu’on se retrouve toutes les deux au pieu et à poil le plus vite possible, la manière dont je vais me vêtir a peu d’importance !
    
    Finalement, j’opte pour une tenue « classique », enfin ...
    ... je veux dire « qui me convient » : pantalon de fantassin kaki et t-shirt noir ras de cou avec un gros cœur rouge pour souligner le slogan blancI love Berlin, souvenir d’une virée dans la capitale allemande pendant une permission de papa. Je donne un coup de brosse rapide dans ma brune tignasse, épaisse comme de l’étoupe. Je glisse sur mes épaules le vieux sac à dos hérité des surplus de l’armée et me voilà fin prête pour une aventure qui m’exalte et m’angoisse beaucoup plus que le souci de mon apparence. Je sais que j’ai tort, je sais qu’elle va faire la grimace et soupirer en me voyant, je sais qu’elle va arborer un air désespéré… Je sais que je devrais faire un effort.
    
    J’ai réussi de justesse à attraper le bus. Il est presque vide. Je me cale au fond, là où avec Cassandre on s’est tenu la main : j’en frissonne rétrospectivement… Pourtant, des pensées désagréables me traversent l’esprit. Des sortes de souvenirs moroses : à la maison, il n’y a jamais eu personne pour m’apprendre à me maquiller, à choisir des jupes, des robes, des corsages, des collants, des dessous… Mon coiffeur ? C’est celui de la caserne. Et il faut avouer que les cheveux longs, ce n’est pas trop son truc ! Je vis dans un monde d’hommes. Donc je me fonds dans leur paysage. La boxe en fait partie : j’adore me vider la tête en tapant comme une forcenée sur les punching-balls et, le cas échéant, sur les blondinets qui m’énervent.
    
    Autre réminiscence : je ne vous raconte pas la corrida, lorsque j’ai connu ...
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