1. Le temps suspendu


    Datte: 19/01/2020, Catégories: ff, jeunes, couleurs, poilu(e)s, amour, miroir, odeurs, Masturbation massage, Oral init, exercice, confession, Auteur: Coqueluche, Source: Revebebe

    ... cadavres dans une fosse commune.
    
    L’une d’elle, se met à sangloter soudain. On pouvait s’y attendre ! C’est le choc post-opératoire ? Une sorte de mélange paradoxal : plaisir, remords, soulagement, horreur, bonheur, malheur… la salsa des démons ? Ironiquement je songe qu’elle va devoir en aligner des chapelets de prières pour retrouver la grâce divine !
    
    — Qu’est-ce que j’ai fait ?… gémit-elle.
    
    Hou-la-la ! Stop ! Si je la laisse ruminer, elle va me faire une dépression. Je n’ai pas envie de passer le reste du week-end sous les strato-cumulo-nimbus de ses lamentations ou de ses crises de colère. J’ai déjà donné !
    
    — Rien, lui lancé-je. T’as rien fait ! C’est moi qui t’ai dévoyée… C’est moi la diabolique, la tentatrice, le boa à la pomme du jardin d’Éden…
    — Un boa ? me fait-elle surprise.
    — Ben… oui !… Le serpent était un boa à plumes pour faire plus joli et titiller la coquetterie propre à l’espèce féminine dont Ève était la première représentante.
    — Alors, rétorque-t-elle ironiquement, tu ne dois pas appartenir à cette espèce-là… du moins pour ce qui concerne la coquetterie.
    
    Attrape ça ma vieille ! Au moins, j’ai réussi à détourner – provisoirement ? – son attention de la dangereuse introspection à laquelle elle s’apprêtait à se livrer. Je lui explique :
    
    — Peut-être qu’au fond, j’aurais préféré être un garçon ?…
    — Raté ! s’exclame-t-elle.
    — Non, pas un garçon « raté ». On dit un « garçon manqué ».
    — Ça revient au même, non ? Ou alors, il fallait dire ...
    ... que tu étais unefille manquée ! C’est assez bizarre qu’on parle rarement de « fille manquée », tu ne trouves pas ?
    — C’est vrai, t’as raison. Sans doute que les filles sont « in-manquables » ! D’ailleurs, si tu jettes un œil à notre lexique, tu t’aperçois qu’il est vachement misogyne : tiens par exemple, une « professionnelle », c’est une pute, alors qu’un « professionnel » c’est un mec calé dans sa partie… Ou une « experte » c’est une savante au CNRS du sexe alors qu’un « expert » c’est un savant tout court.
    
    Elle hoche la tête, renifle élégamment, s’essuie les yeux :
    
    — T’as raison !… La langue française est trop macho ! J’ai même un autre exemple : « un courtisan » chez La Fontaine et une « courtisane »… comme dans Manon Lescaut !
    
    Si elle est capable de parler littérature à ce moment précis, c’est que la crise redoutée s’éloigne !
    
    — Ou un « péripatéticien » et une « péripatéticienne », un « gars » et « une « garce »…
    — Un « entraîneur » et une « entraîneuse »…
    — Quels « salops », les hommes ! Parce que c’est quand même eux qui ont fait les dictionnaires !
    — Alors que les femmes ne sont pas des « salopes »… On dirait que c’est nous les obsédées du sexe alors que c’est eux qui ne pensent qu’à ça ! Enfin… je veux dire, que la plupart du temps, nous n’y pensons pas…
    — Tu crois ?
    
    Elle rit doucement. On s’est mises en position sur le côté, face à face, tête sur le coude replié. Nos genoux se saluent. J’ai encore du mal à réaliser qu’elle est nue devant moi. Si ...
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