La madone des cités
Datte: 16/01/2020,
Catégories:
ff,
voisins,
init,
exercice,
Auteur: Ortrud, Source: Revebebe
... Sur mes cuisses.
C’est quand j’ai revu Régine à la boulangerie que j’ai failli me trouver mal. Elle était redevenue de pierre. Je n’osais pas lever les yeux sur elle, mais ça bouillonnait en moi. En payant, elle a soufflé ; « Tu ne veux plus ? » « J’ai pas le temps, et je peux pas parler » « Ce soir, à 8 heures, à l’arrêt de l’autobus de la Rue des Œillets. Tu parles des œillets, foutre des noms pareils à des alignements de béton.
La journée a été un enfer, je faisais tout de travers, je me suis fait engueuler, Odette était pleine de pisse jusqu’à la taille, elle était tombée de son fauteuil et elle pouvait plus remuer sa jambe, ma belle-mère a piqué une crise contre ma sœur qui veut encore quitter son copain, contre mon père qui avait un coup dans l’aile, bref, le cauchemar.
Le soir, je me suis échappée sous le regard noir de ma belle-mère « Méfie-toi, j’veux pas d’histoire de gouine à la maison. Tu fais ce qu’tu veux de ton cul, mais tu me fais pas d’ennuis. »
On s’est assises dans l’abri bus, loin l’une de l’autre.
— Je t’ai apporté tes affaires, dans le sac de Prisunic.
— C’était pas la peine, je les mettrai pas.
— Comme tu veux, je les donnerai.
— À une autre ?
— À n’importe qui.
J’étais assommée, pas le chagrin d’amour, non, la déchirure de mon corps abandonné.
— Bon, je vais rentrer, demain je travaille.
— Non, On va rentrer. Tu prends tes affaires, et tu viens à la maison. Donne-moi ton numéro, j’appelle ta belle-mère.
Tout changeait ...
... trop vite, le blanc, le noir, le rouge, le bleu. J’ai balbutié et j’ai rentré la tête dans les épaules. J’entendais la voix calme de Régine « Madame, ce n’est pas un drame, elle sera pas enceinte, elle sera pas battue, et elle pourra travailler. » « Non, je ne viendrai jamais chez vous, je vous le jure. »… « Mais bien sûr que vous la verrez, je ne suis pas un monstre »… « Pourquoi je fais ça ? Parce que je suis lesbienne, que votre fille me plaît et que j’ai envie de vivre avec elle une histoire. »… « Écoutez, de toute façon, elle a pas de diplôme, pas de boulot fixe, avec moi, elle trouvera toujours mieux. »… « Ce que je lui trouve ? Mais c’est mon affaire »
Et voilà, il n’y a plus grand-chose de la gamine délurée, indépendante. On me cède et j’accepte, sans savoir rien d’autre que mon corps réclame du plaisir, que j’ai quelque chose qu’s’est éveillé et qui ne demande qu’à me consumer.
Pourtant, au fond de moi-même, j’étais pas bien. J’étais d’accord pour tout, explorer le corps d’une fille qui explore le mien, c’est bien, mais je ne suis pas sûre que ça me suffise. Mais comme j’étais pas trop habituée à me faire des nœuds dans le cerveau, j’ai suivi Régine. Ça a duré huit jours de lit, de folie et puis elle avait épuisé son congé, elle est partie travailler et j’ai compris que je la gênais « Ah tiens, tu es là ? »
Je suis pas idiote, j’ai ramassé trois fringues, dont mes petites culottes et je suis partie, pour le seul endroit que je connaissais ; la maison, la ...