Les premiers jours de l'instit
Datte: 07/01/2020,
Catégories:
fh,
Auteur: Zahi, Source: Revebebe
... mesure ; tout au contraire, elle m’a serré plus fortement le bras et m’a collé le long du corps. Ainsi solidaires, nous trébuchons en marchant.
— Ah, tu me plais beaucoup, Loulou, fait-elle.
— Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? lui dis-je.
— Un BTS de secrétariat à Dijon ; encore une année et c’en est fini.
— Et que veux-tu faire après ?
— Je sais pas… Vivre avec toi, Loulou.
— Déjà ?
— Tu me plais beaucoup, Loulou, je t’ai dit.
Il fait encore jour lorsque nous entrons dans l’enceinte au toit métallique du centre commercial. Je n’aime pas ce genre d’endroit laid et froid, cela me donne envie de courir dans le sens inverse. J’avoue que j’exècre la société de consommation sans toutefois lui chercher de remplaçant. Alors j’entre dedans comme tous les autres entrent, dégoûté mais sans aucune résistance, poussé par je ne sais quelle force occulte. Il y a un monde fou à l’intérieur ; des hommes et des femmes, et des chariots pleins à ras-bord. L’enceinte me paraît réverbérer dans toute sa longueur, ma tête tourne, je sue. Je me sens étouffé, mes poumons crachent du sang, j’ai envie de crier : « Je vous emmerde tous ! » Dans ce tumulte, je commence à sentir la chaleur du corps d’Aurélia qui ne me lâche pas d’un pouce. Avec mon avant-bras, je tâte ses seins par-dessus sa camisole et je sens son cœur qui bat la chamade ; je me demande pourquoi. Tout ça n’a pas beaucoup de sens pour moi, ça ne me fait pas bander.
Nous entrons dans une pizzeria aux couleurs italiennes, ...
... un endroit quelconque dans un centre commercial lambda. Un serveur vient nous demander notre choix. C’est un malabar, presque le double de ma taille, et j’exagère à peine. S’il est bien connu que les spaghettis font grossir, on sait moins qu’ils tirent aussi vers le haut. Il parle avec un accent à moitié italien, à moitié arabe. Sur son tee-shirt de service, une petite étiquette : Tonio. Il paraît connaître la bande.
— Tonio, comme d’hab pour moi, dit Aurélia.
Serge et Ophélie n’ont même pas bougé les lèvres, ils ont juste acquiescé de la tête. Tonio alors se tourne vers moi et, voyant qu’Aurélia avait mis une jambe sur mon genou, il m’a paru un peu offusqué.
— Tu le connais ? dis-je à Aurélia une fois qu’il est parti avec sa commande.
— Oui, fait-elle mielleusement ; couché deux ou trois fois avec lui.
— Et comment il est ? dis-je, assez dépité.
— Humm, pas trop sucré le mec.
— Pas trop sucré ?
— Oui, pas grand-chose là-dedans, fait-elle en mettant une main sur ma braguette.
Ophélie, qui jusque-là avait paru ne porter aucune attention à sa sœur, fait un petit clignement d’yeux, apparemment agacée.
— Aurélia ! fait-elle sur un ton de reproche.
— Quoi, fait Aurélia, qu’est-ce que j’ai fait encore ?
— Ben rien ; si tu continues, on rentre.
— Tu rentres si tu veux, rétorque Aurélia en sortant ses griffes, je reste avec Loulou.
Tout ça ne m’a pas trop emballé. La querelle de deux sœurs est un sujet qui est loin de me passionner. Et pour conclure, la pizza ...