1. Les premiers jours de l'instit


    Datte: 07/01/2020, Catégories: fh, Auteur: Zahi, Source: Revebebe

    ... Vous arrivez de Paris ?
    — Oui. Ça va me changer. Comment sont les gens ici ? lui dis-je.
    
    Elle se lève légèrement pour servir la boisson.
    
    — Je vous sers un whisky ?
    — Oui, whisky-soda.
    
    Elle remplit deux verres en silence, puis se lève et me regarde d’une manière qui me paraît curieuse.
    
    — Les gens ici, oui… très gentils… vous allez voir… dit-elle en me tendant un verre.
    — Euuh ! fais-je en marquant mon étonnement de sa petite hésitation.
    — Bon, il faut savoir que c’est pas Paris. Ici, les bruits courent vite, et tout ce que vous faites sera très vite connu. Il n’y a pas vraiment d’intimité, c’est ce qu’il y a de pénible ; mais d’un autre côté, la vie est douce, et le temps coule lentement. Personnellement, ça me plaît beaucoup.
    
    Je bois mon verre et elle m’en sert un deuxième alors qu’elle a à peine touché le sien. Elle me raconte comment elle a vécu ses premiers jours au village, il y a plus de dix ans. L’accueil des villageois, leur réserve au début, puis l’acceptation mutuelle, etc. ; rien d’exceptionnel jusque là. Son récit est assez monotone ; aussi, la fatigue du voyage aidant, je me retiens de bâiller. Puis l’envie me prend de lui poser une petite question indiscrète.
    
    — Vous avez de la famille ?
    
    Elle me considère longuement en silence, puis elle ferme les yeux et se verse une belle dose dans le gosier, plus que tout ce qu’elle a bu jusqu’à ce moment. Elle laisse échapper un petit soupir et pose maladroitement son verre sur la table basse.
    
    — ...
    ... J’ai une fille, mais je la vois rarement, dit-elle à mi-voix.
    
    Je reste silencieux, me reprochant mon intrusion importune dans sa vie personnelle. Elle me considère de nouveau et lampe d’un trait ce qui reste dans son verre. Je reste silencieux, la regardant dans les yeux. Elle toussote légèrement et continue :
    
    — Je suis venue ici après un divorce douloureux et un long passage à vide. Ma fille a préféré rester avec son père ; aujourd’hui, elle est à la fac. Elle était petite à l’époque, mais je n’ai pas voulu insister. C’est mieux pour elle comme ça, je pense.
    
    J’avale le fond de mon verre, me lève en la remerciant et m’éclipse dans mon studio avec le profond remords de l’avoir perturbée. Je m’allonge sur le lit, allume la télé et prends le journal pour achever un article que j’avais commencé dans le train. Brusquement, je me sens saisi par une folle envie de me masturber. Pourtant, aucune image claire ne me vient à l’esprit, juste une pression entre les cuisses, une accélération de la respiration et le cœur qui bat la chamade. Je doute un instant que ce soit la proximité de Mme Durand qui m’aurait excité ainsi ; pourtant je ne me suis senti aucune affinité avec elle, et de plus elle pourrait être ma mère. Mais l’envie est tellement forte que je me soulage au savon de Marseille et me couche aussitôt.
    
    En me réveillant le matin, je sors faire un petit tour dans le village. J’en ai déjà vu, des coins déserts, mais certainement pas comme celui-ci. L’école est à un bout du ...
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