Les premiers jours de l'instit
Datte: 07/01/2020,
Catégories:
fh,
Auteur: Zahi, Source: Revebebe
Pour mon premier boulot, je suis nommé instituteur dans une bourgade du fond de l’Ardèche. Me voilà aujourd’hui m’y rendre en jean et chemise à carreaux. Il fait beau et agréable, c’est la fin d’août, quelques jours avant la rentrée des classes.
Je descends du train en portant sur une épaule mon sac à dos et tirant derrière moi une valise à roulettes. Après quelques mètres, je me trouve nez à nez avec la directrice de l’école, Mme Durand, une dame d’une bonne cinquantaine d’années. Elle a le teint pâle, les cheveux blancs tenus en chignon, et des grands yeux gris. Son apparence est simple et rassurante ; elle est vêtue d’un tailleur bleu foncé, d’une chemise blanche avec un foulard noué autour du cou. Elle ne peut pas me rater, vu qu’elle avait reçu mon signalement avec ma photo placardée dessus. Mais elle a une autre bonne raison pour me reconnaître aussi facilement : je suis tout seul sur le quai.
Il est plus de vingt heures et le soleil vient de se coucher derrière les basses collines qui entourent le patelin. Nous nous installons dans sa petite voiture, et trois minutes après nous sommes devant la grande grille de l’école. La maison des instituteurs se trouve dans un coin de la cour, derrière un écran de cyprès qui la protège des regards indiscrets des élèves. Mme Durand occupe le rez-de-chaussée et deux petits studios sont aménagés à l’étage pour les instituteurs.
Mme Durand ouvre une petite porte qui grince, puis nous grimpons les marches qui mènent à l’étage ...
... où un petit couloir donne accès à deux portes, une de chaque côté.
— Vous avez le studio de droite, fait-elle d’un air aimable en me donnant les clés ; celui de gauche est à monsieur Damont.
J’ouvre la porte en silence et mets un pas dans le futur chez-moi. Elle continue :
— Il enseigne ici depuis trois ans. Très sympathique. Il doit rentrer demain ou après-demain.
Ayant fait elle-même le constat que je n’avais rien prévu pour manger, elle me propose de dîner chez elle, mais je m’excuse en lui expliquant que je mange rarement le soir. Elle me propose alors de boire un verre et j’accepte volontiers.
Je prends une petite douche et je me rends chez elle. Là aussi, l’aménagement est simple et efficace. Peu de meubles, mais pas un grain de poussière. Un canapé et deux fauteuils en velours gris sur une carpette, un buffet et une petite salle-à-manger en chêne. Ni trop moderne, ni l’air d’un musée. Une impression bizarre me saisit dès que je franchis la porte : tout est dans un ordre qui paraît immuable, éternel. Comme dans un temple, j’avance silencieusement sur le parquet et je m’installe sur le premier fauteuil. Elle se met en face de moi, s’assied puis, comme si elle était dérangée par le face-à-face, elle serre les jambes d’un petit mouvement réflexe.
— Il n’y a pas grand-chose ici, me dit-elle après quelques secondes. Au bout de deux jours vous aurez rencontré tout le monde, et le premier jour de la rentrée vous connaîtrez tous les élèves et tous les parents. ...