1. Vraimodo


    Datte: 28/12/2019, Catégories: fh, amour, Auteur: Guust, Source: Revebebe

    ... nature, elle t’a carrément puni, mec !
    
    Puni ? Mais pourquoi ?
    
    Un soir de déprime, je me suis laissé aller à une méthode de gonzesse : j’ai avalé le contenu de l’armoire à pharmacie. Pas les pansements, les ciseaux et les emballages, non ; rien que les médicaments. Seule concession à ma condition de mâle, j’ai descendu le tout avec deux bières au lieu d’un verre d’eau. Comme j’étais loin d’avoir en stock une quantité suffisante de drogues pour en finir, j’ai juste été bon pour un week-end de chiasse, de vomissements et de malaises divers. Le lundi, j’avais les boyaux en capilotade, mais je suis quand même allé ramasser les immondices. Antonio, le chef de planning, a bien vu que je n’étais pas dans mon état normal, mais il n’a pas fait de remarque. Il a juste dit :
    
    — T’as eu un dur week-end, toi !
    
    Mais sans plus. Antonio, c’est un des rares à se montrer correct avec moi. Si je ne lui cause pas d’emmerdes, il me fiche la paix. Donc, j’essaie de ne pas lui causer d’emmerdes. Il n’a pas su que j’avais essayé de me bousiller, en tout cas. Personne ne l’a su. De toute façon, j’avais fait ça comme un crétin.
    
    La seconde fois aussi, j’ai fait ça comme un crétin. C’était à la fin de l’automne, un soir de l’année suivante. J’ai voulu me pendre à une branche basse, dans le parc public, mais c’était une branche morte, alors elle m’a dégringolé sur le crâne. C’est un groupe de jeunes en ribote qui m’ont ramassé, et à l’hosto, on m’a tonsuré et mis quatre points de suture. ...
    ... Heureusement, je mets un bonnet, à la mauvaise saison, mais ça n’a pas empêché Jerzy de se foutre de ma balle :
    
    — Même ton suicide, tu le rates !
    
    J’ai eu droit à un psy pendant plusieurs semaines, mais que pouvait-il pour moi ? Comment aurait-il pu me convaincre de ne pas tenter d’en finir ? « Moche je suis, moche je reste ». Telle était ma pensée. « Seul je suis, seul je reste ; minable je suis, minable je reste… et patati et patata. ». Quand le psy m’a foutu la paix, je ne crois pas qu’il était convaincu de ma « guérison ». Il avait terminé le nombre de séances prescrites, tout simplement.
    
    Comme je désespérais toujours, j’aurais pu me tirer une balle dans le crâne, comme papa l’avait fait. C’est radical. Mais j’ai pas de flingue. Ou alors, m’ouvrir les veines, mais j’ai horreur du sang. Pire encore si c’est le mien. Ouvrir le gaz ? J’ai pas le gaz dans mon galetas. C’est tout à l’électricité, et je ne me vois pas me shooter au deux cent vingt volts en prenant à deux mains les fils dénudés. La dernière fois que j’ai essayé de réparer une prise de courant, je me suis payé une décharge dans les doigts, et ça secoue ! Alors, non merci !
    
    Tout compte fait, même si c’est plus sinistre, c’est encore l’hiver qui me convient le mieux. On caille, mais on s’habille. Bien emmitouflé, avec le bonnet au ras des sourcils, ma tronche ne se voit pas trop. De toute manière, les rues sont peu peuplées, et les gens y vont pressés, la tête basse et le dos courbé. En plus, quand il fait ...
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