1. Dans les mains de Dieu


    Datte: 13/12/2019, Catégories: fh, amour, nopéné, nonéro, mélo, historique, amourdura, amourpass, amourcach, amourdram, couplea3, Auteur: Pierre Siorac, Source: Revebebe

    ... les heures passaient. La seule façon de l’oublier un peu aurait été de dormir, mais comment trouver le sommeil dans de telles conditions de détention ?
    
    Alors Caroline s’accrocha à la seule pensée capable de la soutenir encore un peu. La duchesse de Longueville avait affirmé qu’Aramis lui avait échappé. Et elle savait que jamais son chevalier servant ne l’abandonnerait à son sort. Elle l’imaginait abattu, certes, mais elle le savait furieux, en train d’imaginer quelque plan pour la sortir de là. Et elle savait qu’il n’était pas seul. Elle mit ses derniers espoirs dans ses trois compagnons des derniers jours, et elle qui ne croyait plus en Dieu depuis tant d’années se décida à prier.
    
    Ah, chère Caroline… Si vous aviez su en cet instant comment la main de Dieu guidait les cinq (et non plus trois) compagnons qui venaient à votre secours, ce n’est pas des prières désespérées que vous lui auriez adressé, mais un concert de louanges.
    
    **************
    
    À quelques lieues de l’hôtel privé de madame de Longueville, un carrosse tiré par quatre chevaux avançait lentement dans la nuit, accompagné par deux hommes en armes. Le long manteau noir qui enveloppait chacun d’entre eux et le visage que tous gardaient baissé sous son chapeau assuraient leur complet anonymat. Cependant, le lecteur attentif à l’histoire aura compris de qui nous parlons. D’autant plus que la taille gigantesque de l’un des cavaliers ne lui laissera aucun doute sur son identité.
    
    Porthos, donc, était heureux. ...
    ... Si ses compagnons étaient à cette heure plongés dans des méditations plus ou moins profondes, lui était tout à son bonheur de servir. Il aimait l’aventure, et ne doutait jamais que le succès couronne ses entreprises. Pour lui, les choses étaient d’une enfantine simplicité. Il était invincible, et ses compagnons étaient les plus fines lames du royaume. Il s’était amusé en écoutant ses quatre autres amis préparer leur plan avec autant de minutie que de rigueur. Lui, ce plan, il l’avait en tête depuis bien longtemps : on entrerait chez madame de Longueville, on transpercerait quelques corps, fracasserait quelques crânes, on délivrerait la princesse et on repartirait. Et ensuite, on ferait la fête, palsambleu !
    
    D’Artagnan conduisait le carrosse. Et lui aussi était heureux. Il avait retrouvé ses amis, et s’était rendu compte avec autant de bonheur que de surprise que leur amitié était intacte. Rien n’avait changé… Porthos était toujours aussi généreux, Athos continuait d’agir en frère aîné de leur confrérie ; quant à Aramis, il était toujours en quête de cet Absolu qui le rendait presque mystique au moment de l’action et le faisait redevenir guerrier au moment de la réflexion. Il avait trouvé cet Absolu dans les beaux yeux vert émeraude de Caroline et après tout, pensait d’Artagnan, celui-là en valait bien un autre, pourvu qu’il y trouve son bonheur. Il pensa à son Augustine. Ah, comme il aurait voulu en cet instant la voir avec les mêmes yeux que son ami voyait sa bien-aimée… ...
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