Une maison bleue
Datte: 11/12/2019,
Catégories:
ffh,
exercice,
aventure,
sf,
Auteur: Jean de Sordon, Source: Revebebe
... inquiétantes véhiculées par les média.
Le jet, un des plus récents modèle : moteurs à hydrogène, décollage vertical. Le pilote met toute la gomme, il se fait plaisir et tant pis pour ceux qui vivent en dessous. Le décollage les enfonce dans leurs sièges.
À Caracas. Ambiance de fin du monde, rumeur de coup d’état, il pleut des hallebardes. L’aérogare est froide, obscure : courant coupé, pas question de sortir, les militaires veillent, fils de putes. Encore, toujours, partout, ces chiens. Autrefois, on avait peur en entendant les loups hurler dans les forêts obscures, maintenant les loups portent uniforme, vivent de nos sous et sont dans les rues.
Rumeurs, inquiétude. On sort peu et furtivement. La radio diffuse de la musique. Quant à savoir ce qui se passe… Peut-être rien du tout. Les militaires adorent les situations de crise, s’ils n’en ont pas ils les inventent.
Des heures d’attente puis l’électricité revient et la vie reprend petit à petit. Pas le choix.
De notre correspondant en Normandie. Ils étaient quatre jeunes gens. Le plus jeune avait quinze ans, la plus âgée dix-huit. Ils se sont jetés ce matin du haut de la falaise de Berneval à l’endroit même où, voici tout juste deux mois, leur idole, la rock-star Jérémie Canavelli avait mis fin à ses jours. Depuis ce suicide, ils sont vingt-quatre à l’avoir imité. Les autorités redoutent la naissance d’une mode et, à dater de ce jour, l’accès aux falaises sera interdit par une clôture.
Dehors tout est ...
... calme, la pluie a cessé. Les Salernes s’enquièrent s’ils peuvent louer un petit avion pour effectuer l’ultime partie de leur voyage. Rien à faire, rien ne décolle jusqu’à nouvel ordre, même les long-courriers ne partent pas. Situation de crise. Quelle crise ? On sait pas. Personne ne sait. Les Salernes errent sur le port, doivent montrer dix fois patte blanche. Une pluie jaunasse ruisselle sur le pavé, laissant sur toutes choses une pellicule grasse et luisante.
Un cargo rouillé au bout d’un quai désert, un panneau frappé d’un trèfle noir : danger radioactivité.
Louis marche à son habitude, grandes enjambées, les épaules ondulantes. Souple et puissant. La bête rugueuse, tu sais.
La haute muraille noire du cargo-poubelle décrépit, sinistre, fatigué, un vieil hydrofoil, reconverti à l’énergie nucléaire dans les premières années du siècle. Rouille et désordre. L’énorme bloc de béton et de plomb du réacteur Fermi première génération crachote une vapeur malsaine, gargouille, murmure, craque, souffle. Accuse ses soixante ans de service. Des traînées brunâtre, tu les devines poisseuses, agressives, brillent tout au long de la rampe de chargement. Une odeur aigrelette. Des fûts éventrés que l’on a jetés sur le quai. Le Fermi lâche un pet empoisonné que le vent disperse. Des flaques aux reflets irisés. Cargo-poubelle. Le Charles-De-Gaulle, il s’appelle, rien que ça.
Un homme, maintenant. Aussi décrépit que le cargo et un peu plus vieux que lui. La discussion s’engage. L’île, ...