1. Mise en boîte


    Datte: 19/03/2018, Catégories: fh, jeunes, inconnu, pénétratio, init, Humour Auteur: OlivierK, Source: Revebebe

    ... entre ses paumes. On dispose le tout sur le satin. Ça rentre tout juste. L’intello me dit qu’il arrive que la boîte soit parfois un peu trop courte. Rarement mais…
    
    — Alors, tu vois, on scie un peu les pattes et on cache sous le drap. Aujourd’hui, tout est bien. Arrange sa cravate.
    
    Le menton du notable est de marbre glacé.
    
    — Si vous voulez le voir une dernière fois… propose le chef, qui vient d’ouvrir la porte.
    
    Ils veulent. Quelques-uns reniflent. La veuve pleurniche. Un vieux bonhomme hoche la tête, ce que c’est que de nous, quand même ! Une gamine semble triste. Elle peut avoir onze ou douze ans, pas plus. Souvent, les enfants sont les seuls à avoir vraiment de la peine, aux enterrements. On pose le couvercle. On le visse. Six vis pas chères, pare au bel homme ! Six vices cachés, pars avec eux !
    
    Devant l’église, il y a déjà un fourgon, plein de fleurs. Au son du requiem de Mozart, décidément très à la mode, précédés par le chef, nous portons lentement la dépouille mortelle jusqu’aux tréteaux qui l’attendent, devant le choeur. C’est là qu’elle va provisoirement gésir.
    
    Dehors, Tintin dit que nous avons une bonne heure devant nous. Le chef est resté dans la nef. Les collègues du second fourgon ont trimballé quelques couronnes de fleurs, disposées joliment sur la boîte et autour. Maintenant nous sommes six à nous diriger je ne sais où, mais que faire d’autre que suivre le mouvement ?
    
    C’est un bistrot, j’aurais dû m’en douter. Des notables bien sapés devisent ...
    ... agréablement. Tintin se laisse tomber sur une banquette et me dit qu’ils rejoindront le convoi à la sortie de l’église, ou seulement au cimetière, et qu’ils sont sûrement en train d’affirmer que le mort était un bon vivant.
    
    — Ils le disent toujours. Tiens, la fille de Madeleine est ici, aujourd’hui. Mado, une bière pour chacun !
    
    Madeleine est une plantureuse rouquine, à la quarantaine épanouie. Jolie femme, certes, mais sa fille, alors ! Un ange évadé du plus beau tableau de Botticelli ! Blonde ! Lumineuse !
    
    — Elle est chouette, hein, Karine ? me dit Tintin.
    — Ah ! oui, alors ! J’ai jamais vu une fille pareille !
    — Pas pour toi. Mais Madeleine, si ça te dit. Allons, puisque tu es nouveau, on te fait le traditionnel cadeau de bienvenue.
    
    Il regarde les autres, interrogatif. Ils approuvent. Chacun sort de sa poche un billet de vingt euros et le lui donne. Il me tend le tout ensuite et me dit de le remettre à Madeleine, pour qu’elle soit à moi pendant une demi-heure.
    
    — Allons ! Sois pas timide. Madeleine est un morceau de roi. Volcanique. Une fournaise rouge. Tu nous vexerais de refuser, c’est de bon coeur.
    
    Après tout, puisque c’est la tradition. Et puis, connaître la mère pourrait me permettre de rencontrer la fille, ultérieurement. Je remercie et me dirige vers Madeleine, les billets à la main.
    
    — Ah ! Ils t’ont fait le coup. J’en étais sûre. Je suis censée te dire qu’il y a erreur sur la personne et qu’il faut que tu t’adresses à ma grand-mère. Alors ils ...
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