1. La lettre d'Élise...


    Datte: 15/11/2019, Catégories: fh, inconnu, vacances, strip, odeurs, pénétratio, portrait, poésie, coupfoudr, Auteur: Louise Gabriel, Source: Revebebe

    ... passait la plupart de son temps en voyage, de conférences en colloques, logeant dans les grandes chaînes hôtelières offrant tous les avantages de la modernité. Toutes les chambres étaient millimétrées dans le manque d’identité, dans l’uniformité, formatées pour être parfaitement fonctionnelles ; enfin, se retrouver après une journée de travail acharné dans leur antre restait rassurant, et presque triste aussi.
    
    Alors, ce lieu un peu décrépit sentait le vécu. Il y restait toujours la trace des passages précédents, des odeurs d’étreinte de deux amants illicites peut-être, le parfum troublant d’une femme fatale, qui sait ? Les senteurs poivrées d’une eau de rasage d’un homme venu se perdre dans d’autres paysages. Il y avait là la vie, réunie en un seul lieu, ses fragrances et ses mystères. Il y était terriblement sensible, il voyageait parfois seulement allongé sur son lit, se laissant entraîner aussi loin que possible par la persistance volatile d’une saveur olfactive.
    
    On frappait déjà à la porte, elle était rapide comme l’éclair, Madame Madeleine. Il s’était bien aperçu qu’il ne la laissait point indifférente, mais pour son compte à lui, elle ne chamboulait pas vraiment ses sens, il lui fallait bien le reconnaître.
    
    Il partit lui ouvrir, elle était là sur le palier, son plateau dans les mains, le chocolat fumant dans une ancienne tasse de porcelaine peinte, les galettes harmonieusement réparties sur une assiette assortie, accompagnées d’une serviette de lin brodée. ...
    ... C’est vrai, Madeleine avait le sens du détail, peut-être que subitement il lui trouvait un certain charme finalement. À y regarder de plus près, elle était toujours très soignée, peut-être un peu trop, qui sait. Elle détonnait dans le cadre de son lieu de travail.
    
    Il lui prit le plateau des mains, la remercia chaleureusement et lui souhaita une fois de plus bonne soirée.
    
    – Je suis épuisé et trempé, je vais prendre une bonne douche et me reposer. Bonsoir, Madame.
    
    Elle en fit de même :
    
    – Bonsoir, Monsieur Olivier, si vous avez besoin de quoi que ce soit n’hésitez pas, je suis là toute la soirée, jusque très tard, vous savez…
    
    Les civilités étaient closes, il avait refermé la porte. En dévalant les marches, elle se disait «Bon Dieu, ce qu’il peut être timide et silencieux, ce n’est pas possible ! Au bout de toutes ces années, il est toujours aussi mystérieux. »
    
    L’odeur chaude et onctueuse du chocolat remplissait ses narines, les gâteaux et leur senteur de sucre et de caramel associés à l’air extérieur avaient fini par chasser une partie des anciennes effluves. Il posa l’assiette sur la tasse pour conserver de la chaleur à sa boisson favorite, jeta ses vêtements à la hâte et partit se glisser sous une douche réconfortante. L’eau brûlante le fit frissonner, c’était une bénédiction ; trempé jusqu’à l’os comme il était, il avait fini quasi congelé.
    
    Il repassait en boucle dans son cerveau le spectacle qui l’avait captivé pas loin d’une heure plus tôt. Quand, dissimulé ...
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