1. Prélude - Troisième partie


    Datte: 07/11/2019, Catégories: fh, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... chagrin.
    
    Nous sommes vivants, nous avons encore le pouvoir de sentir, de ressentir, nous avons encore des nerfs pour mesurer notre contact avec la réalité autour de nous, nous avons encore un repère pour nous guider, pour éviter la peine, tout ce qui pourrait provoquer cette peine ; et nous orienter vers ce qui est bien pour nous, et tout ce qui pourrait nous offrir ce bien.
    
    Que ce soit moi ou une autre qui remplisse mon corps, suis-je vraiment dénuée de tout ? Des années d’expérience de la solitude m’ont donné le temps de réfléchir, et j’ai au moins compris que j’étais juste vide de l’essentiel…
    
    Mais alors, si ce n’est pas à cause du manque, qu’est-ce que c’est ?
    
    Tu t’es redressé derrière moi ; ta main glisse sur mes seins, atteint mon ventre… Tes lèvres aspirent doucement la peau tendre de mes hanches ; j’ouvre des yeux brouillés par le désir, et me mords les lèvres pour ne pas gémir. Que te dire ? T’implorer de continuer, ou me prosterner à tes pieds pour que tu abandonnes toute idée vicieuse me concernant ? Les paroles sont inutiles. Je sens mon corps réagir et t’appeler, comme ...
    ... assoiffé de caresses, de baisers ; l’attirance qui m’incline vers toi n’est que physique, c’est une simple réaction épidermique, et pourtant, comme elle me bouleverse !
    
    – Oh, Mike… murmuré-je, les larmes me picotant les yeux.
    
    Quelle que fut l’origine de ma réticence mentale, elle ne s’exprime pas à travers mon corps. Elle reste là, planquée au milieu de moi, comme une forteresse inexpugnable, aussi invulnérable qu’un Titan. Seulement, son invincibilité ne tient qu’à un fil ; tout comme Zeus qui a trouvé le moyen de traquer les Géants, mon esprit tourmenté torturera mon cœur jusqu’à ce qu’il réussisse à le faire parler… et à se livrer.
    
    Je me surprends à penser, comme dans une supplication :
    
    « Donnez-moi la clé de mon égarement ! Aidez-moi à comprendre qui je suis, aidez-moi à ressentir toutes ces choses qui me font défaut… aidez-moi à être autre chose qu’une poupée élastique qui réfugie son esprit bien loin dans les profondeurs de son rêve, pour ne pas avoir à penser, pour ne pas avoir à prier, pour ne pas avoir à aimer… »
    
    Aimer… l’essentiel ?
    
    Comme ce mot est dépourvu de sens, désormais. 
«12...6789»