1. Prélude - Troisième partie


    Datte: 07/11/2019, Catégories: fh, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... possibilité de m’offrir de la volupté, c’est en même temps un gage de pardon que tu t’offres à toi-même… ou du moins le crois-tu, car comme je l’ai dit, je ne suis pas en mesure de te pardonner ou de te condamner, mon cher, sois-en assuré…
    
    Je suis d’accord pour te laisser jouer avec mon corps, mais pas avec mes sentiments ; tu peux faire de moi tout ce que tu veux, du moment que tu n’atteins pas mon cœur…
    
    Viens, enfonce-toi, et tire de moi la sève qui te fera jouir ; après tout, à tout bien considérer, que peux-tu faire de mieux pour moi ? Absolument rien. Nous ne faisons pas l’amour, nous baisons ; et si cet acte, en lui-même, m’a toujours semblé abject, c’est parce que je n’ai jamais su voir tous les bénéfices de la situation.
    
    Ce n’est pas de moi qu’on use, c’est moi qui me sers ; ce n’est pas toi qui me baises, mais moi qui t’utilise ; tu te crois plus fort, tu te crois au-delà des sentiments, tu te dis engourdi ; apprends à quel point, engourdie, je le suis également. Dans une mesure dont tu n’as même pas idée. Je me sens carrément neurasthénique.
    
    Là est tout l’avantage de ma condition : ressentir une telle compote affective, une telle indifférence sentimentale, quel risque pourrais-je bien prendre ? Autant profiter de ce que j’ai sous la main, plutôt que de regretter une fois de plus de ne jamais aller jusqu’au bout de mes aspirations…
    
    Et c’est avec satisfaction que je reçois en moi la brutalité exacerbée par ton plaisir ; plaisir, c’est bien ce dont il ...
    ... est question, mais cette fois, je prends autant que je donne, je rétablis l’équilibre, je redistribue la donne. Et je ne me laisse plus avoir.
    
    Ma nouvelle philosophie n’est probablement pas moraliste ; mais tous ceux qui ont usé de moi n’avaient, selon toute vraisemblance, jamais entendu parler d’une chose se nommant « morale ». Il paraît que l’art est essentiellement imitatif. Or, l’acte sexuel n’est-il pas un art, quand on y pense ? Je me dois donc d’imiter ceux qui m’ont meurtrie.
    
    Mimer les meurtrisseurs, accomplir à son tour l’usure du corps, sans y mettre une once de soi, n’est-ce pas un moyen de refermer la blessure d’un cœur ?
    
    Qui aime bien châtie bien, dit-on… et moi j’ajoute : qui n’aime pas se fout de châtier ou non… voilà tout…
    
    Un soupçon de repentir, deux amen-amène-toi, trois alléluia, et je m’abandonne dans tes bras.
    
    Le lendemain matin, j’ouvre un œil soudain angoissé sur ton visage paisible et endormi, situé à deux centimètres du mien. Mais peu à peu, mon cœur s’apaise, à mesure que je me souviens de tout ; je parviens même à ne plus me sentir abasourdie de te trouver là, allongé et nu sous les couvertures.
    
    Aussitôt réveillée, je réalise la gravité de la situation. Mais quelle folie m’a prise tout entière pour m’être laissée entraîner sur la pente des plaisirs défendus,avec toi ?
    
    Je ne peux décemment pas réfléchir, avec tes yeux si près des miens ; avec douceur, je me détourne de toi, et concentre mon attention sur la blancheur du mur, du ...
«12...567...»