1. Prélude - Troisième partie


    Datte: 07/11/2019, Catégories: fh, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... serais jalouse de ce que tu offres provisoirement à d’autres. Tout cela est si illusoire. Et si dérisoire.
    
    Je vous laisse donc à vos petits jeux de cache-cache, et concentre toute mon attention sur la ville que je découvre de nuit, pour la première fois. Ça ressemble vraiment à certains quartiers de Paris, sauf que ce n’est pas le même genre de populace qui fréquente l’endroit. Il y a une foule de jeunes dans la rue où nous débarquons, à la sortie du concert. L’animation du lieu parvient même à me dérider. Malgré la fatigue qui commence à peser sur mes épaules, et contracter le bas de mon dos, je souris dans le vide.
    
    J’observe, j’écoute, je sens, je touche, je goûte parfois : découvrir un lieu étranger, c’est toujours se servir de ses cinq sens d’une manière nouvelle et étonnante ; et ressentir toutes ces choses devient une expérience profondément novatrice et enrichissante.
    
    L’exploration du monde est un privilège, parce qu’elle nous apporte mille choses, mille choses qui nous semblent sans lien avec notre connaissance antérieure, et pourtant, une fois découvertes et assimilées, qui nous paraissent si familières. Un savoir dont l’existence ne nous effleurait même pas, là, quelque part, un savoir empirique qui va se déposer dans les mystérieuses cases de la mémoire olfactive, visuelle, et auditive ; se nicher dans un endroit de notre esprit, inconnaissable mais reconnu ; un savoir qui ne nous fera jamais défaut, prêt à être ressorti au moment qu’il faudra, avec qui ...
    ... il faudra, sur une simple demande de notre part.
    
    Une sorte de bibliothèque sensitive, individuelle, virtuelle et spirituelle, dont les volumes nous demeurent accessibles par une seule sollicitation de notre pensée, consciente et inconsciente, par ailleurs…
    
    C’est à un timide tiraillement de ma manche que je me rends compte que Lisa me regarde, d’un air réservé, comme en attente. Un peu confuse, je lui demande si elle m’a parlé, et elle me répond par l’affirmative. Toi, tu te contentes de nous observer entre tes yeux mi-clos, et je sens monter en moi une soudaine envie de te gifler avec violence. Ça me démange tellement le bout des doigts que je me force à sourire et me mets à bavarder avec Lisa, pour détourner ma propre attention de ce besoin irréfléchi.
    
    Tu nous écoutes ; toutefois, j’en oublie bientôt ta présence, tant je me découvre des goûts communs avec elle. Un quart d’heure après, nous donnons toutes les apparences d’être les meilleures amies du monde, et je n’éprouve plus aucune rancœur quant au lien qui te rattache à elle. Qu’est-ce que ça peut me faire, à moi, finalement ? Je ne t’aime pas, je n’éprouve plus aucune forme d’attachement, de quelque sorte qu’elle puisse être, pour toi. Je serai partie dans cinq jours. Et en plus, je la trouvevraiment adorable.
    
    Lisa a envie de poursuivre la soirée dans un café, et je constate avec joie que c’est vers moi qu’elle tourne ses yeux interrogatifs ; je remarque ta petite irritation : eh oui mon vieux, la solidarité ...
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