1. Prélude - Troisième partie


    Datte: 07/11/2019, Catégories: fh, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... côté diamétralement opposé au tien. C’est le moment de méditer sur mes récentes actions… qui devraient me faire rougir de honte.
    
    Mais une main entre soudain dans l’extrême angle de mon champ de vision, me tirant immédiatement de ma torpeur contemplative. Je la guette du coin de l’œil. Indolente, elle survole mon épaule, semble osciller, comme bercée par des vents contraires, avant d’atterrir en douceur sur ma nuque, l’emprisonnant légèrement dans sa paume tiède.
    
    Un frémissement me parcourt des pieds à la tête.
    
    Mon cher ennemi, tu ne dors plus, et si je puis me permettre, j’ajoute que moi aussi, je suis subitement fort consciente du lieu où je suis, de l’irrégularité de mon souffle, et de tout ce qui se passe derrière mon dos…
    
    Comme douée d’une volonté propre, la main desserre son étreinte, descend plus bas dans mon dos, effleure d’un contact paresseux le renflement de ma colonne vertébrale ; je ferme les yeux, envahie d’une bouffée de chaleur qui n’est pas seulement due au grand soleil qui filtre à travers les stores.
    
    Comme ces caresses matinales ont pu me manquer…
    
    Toutefois mon bon sens me dicte de ne pas ployer sous le poids du désir qui râtelle mes entrailles ; le manque, c’est comme un animal domestique, ça s’apprivoise, même s’il est plus difficile de discerner son point faible, de trouver le moyen de le faire plier, de l’obliger à obéir.
    
    J’ai vécu tant de moments merveilleux, je suis montée si haut dans l’échelle du bonheur, puis je suis tombée ...
    ... si bas, j’ai atteint les derniers degrés de la douleur… je suis capable du pire comme je suis capable du meilleur, mais en fin de compte, lorsque je relève les yeux, que je m’observe de l’extérieur, je me vois toujours au même endroit, je ne suis ni en haut ni en bas, je ne possède durablement aucune vertu louable, et aucun vice avouable ; je ne me définis par rien d’entier : ni bonté, ni mauvaiseté ; ni sagesse, ni imprudence ; ni générosité, ni avarice ; ni modestie, ni orgueil…
    
    Je ne dispose que de ces péchés si communs qui nous enfoncent tous dans notre état d’Homme perverti et corrompu, et n’impose pas ces tares à l’humanité ; je les garde pour moi, je reste où je suis, maillon faible dans la chaîne du peuple mondial, grain de sable parmi l’immensité des dunes, goutte d’eau égarée parmi ses semblables, au plus profond de l’océan… triste larme qui passe inaperçue, tant le flot de pleurs, tant le bruit des sanglots, venant de tous points de la terre, se noient dans l’infinité du ciel, et couvrent les cris de ma voix, et les propres sanglots qui s’échappent de moi…
    
    Encore et toujours, une forme éternelle de la banalité affligeante des êtres de ce monde. Encore et toujours une femme sans qualités appréciables mais sans défauts condamnables, encore et toujours un ange déchu, pas tout à fait mauvais, mais pas tout à fait bon non plus ; une reine tombée de son trône, une nonne expulsée de son couvent, un dieu saccagé et diffamé, débarrassé de ses perfections comme on se ...
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