Prélude - Troisième partie
Datte: 07/11/2019,
Catégories:
fh,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... débarrasse d’une chose dont on ne comprend pas le fonctionnement.
Pas tout à fait ceci, pas tout à fait cela, un peu comme ci, un peu comme ça… bel exemple de la génération moderne, qui n’a rien fait qui puisse lui donner des remords aussi vastes que le monde, mais qui, non plus, n’a jamais agi de telle sorte qu’elle puisse se vanter d’exister… Nous naissons pour devenir quelqu’un de grand, quelqu’un de très grand ; puis nous devenons une crotte, et cela, malgré tout ce que nous pouvons admirer chez la race humaine.
Au fond, mon état moyen m’écarte de l’héroïsme, et me sauve de l’ignominie, je devrais être satisfaite du sort qui m’a été échu, à moi comme à ces milliers de gens qui surnagent dans un monde taillé trop grand pour eux.
Pourquoi hésiter à me procurer ce plaisir qui me distinguera, une fois n’est pas coutume, de ce monceau de gens tous semblables les uns aux autres, tous aimables les uns des autres, tous haïssables et tous inégalables dans leur capacité à se rendre invisibles, à penser dans l’indifférence, à ressentir dans l’indifférence…
Pourquoi avoir honte de ce que je suis, de ce que je vaux, et précisément, de ce que je ne vaux pas, de ce que je ne vaudrais jamais ? On acquiert de la valeur quand d’autres se plaisent à nous en donner, et on cesse aussitôt d’en avoir une fois qu’on nous en retire ; qu’est-ce au juste que cette estimation de soi, si elle est à ce point dépendante du jugement d’autrui ? N’est-ce pas encore un de ces mirages qui ...
... ravage l’homme sensé, un de ces miroirs aux alouettes qui ne sert pas à grand chose hormis à nous polluer l’esprit… ?
Je ne vais pas perdre mon temps à essayer de réunir tout ce qui est en ma faveur, et tout ce qui me donne tort, dans cette banale histoire de sexe ; peu importe, finalement, ce que je suis, le bonheur d’être libre, c’est de pouvoir faire ce dont j’ai envie. Tant que les conséquences ne vont pas contre mon instinct de survie…
Or, le hic se trouve quelque part entre mon corps satisfait des plaisirs que tu lui promulgues, et mon cœur étourdi par tant d’empressement et tant d’aimable intérêt ; qu’est-ce donc que cette infime petite chose qui crispe encore mes nerfs, et m’oblige à me montrer réservée quant à ce genre d’attention de ta part ?…
Ce n’est pas parce que je cède au manque ; le manque, l’absence, ça va et ça vient comme un tourbillon incontrôlable, ça fait des dégâts, puis ça repart comme s’il ne s’était jamais rien passé ; le manque d’une personne, c’est à la fois tangible et insaisissable, douloureux et superficiel, c’est une vague qui part à l’assaut du monde, avant de se retirer provisoirement dans sa mer de détresse.
Le manque, on s’y habitue, et même parfois, on y prend goût ; c’est une preuve que, quelque part en nous, nous sommes encore capables de ressentir un soupçon de sentiment, que nous ne sommes pas une carcasse vide et froide, comme un bigorneau qui habiterait notre corps laissé vacant par une âme délaissée et alanguie par le ...