1. La mangeuse d'hommes


    Datte: 07/11/2019, Catégories: fh, bain, campagne, amour, lettre, historique, lettres, historiqu, Auteur: Asymptote, Source: Revebebe

    ... j’étais, ni à « La ménagère » (4) que tu brûlais de devenir. Selon ton souhait, nous nous installâmes au premier rang de la terrasse d’un café où, à tout propos, tu ne cessas de m’appeler « mon beau militaire ». Ce succès qui faisait tout à la fois ton bonheur et ma fierté me remplissait d’aise. Seules ombres au tableau, ce pantalon rouge que tu trouvais fringant alors que je le voyais sanglant, et l’insouciance de nos arrières qui exposaient là leur tranquille sérénité et devisaient de la guerre comme si elle frappait un autre continent.
    
    Au reste, je rêvais à l’aubaine qui ne tarderait pas à me transformer en camériste pour te débarrasser, un à un, de ces atours. Enfin, nous revînmes à notre hôtel où longtemps encore, ingénument, tu te miras dans la glace devant laquelle tu te pavanais. Je grillais sur des charbons ardents, tant il est vrai que les hommes qui habillent de jolies filles ne songent qu’au moment où ils les dévêtiront ; et lorsque tu vins te pelotonner sur mes genoux, je sentis sonner l’heure de ma revanche.
    
    J’ai mis, tu l’auras constaté, toute la lenteur possible à cette besogne, et tandis que je dégrafais les nacres dans ton dos, j’accompagnais chaque millimètre de peau conquise par de frénétiques embrassades. Penché sur ta nuque, j’en ai à nouveau, comme lors de la fête communale, admiré les mèches folles qui y frissonnaient, en me gavant de ton tilleul.
    
    Doucement, j’ai dégagé tes divines épaules et tu me livras ton buste frémissant que gonflait une ...
    ... respiration rapide et oppressée dont le corset n’était pas l’unique responsable. Tes yeux, tes grands yeux implorants, un brin révulsés, sollicitaient une prompte satisfaction mais j’étais résolu à te faire subir des atermoiements identiques à ceux que tu m’avais infligés sur les boulevards. J’étais certes sur la sellette, mais y dégustais tes impatiences quémandeuses avec tant de jubilation que rien ne me pressa de l’abandonner.
    
    Quand je défis ta ceinture et que ta robe s’écoula à tes pieds, tu t’empourpras, oh ! à peine, mais tu ne m’avais pas habitué à ces confusions qui non seulement t’allaient à ravir mais surtout clamaient la force de tes émois. Je reculai pour m’extasier et t’offrir toute mon admiration mais constatai que, non contente de la mienne, tu cherchais aussi la tienne dans le miroir. Le caparaçon de ton corset exaltait la fragilité de ton corps, ta blancheur naturelle, et la perfection de tes formes. Tes bas, soigneusement tendus, modelaient ta jambe en accentuant la finesse et la cambrure de ton mollet. Je me jetai à tes pieds et d’une main mal assurée entrepris de défaire tes jarretelles.
    
    Cette proximité du temple, qui ne m’embaumait pas que de tilleul, m’étourdit comme l’onctuosité de cette peau d’un velours si exquis qu’en comparaison la soie du bas que j’enroulai était rêche. Je crochetai enfin ton armure, corvée délicieuse et sensuelle à laquelle j’aurais pu, voulu et su me consacrer durant des heures. Pour couronner mes convoitises, j’écartai les ...
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