1. La vengeance de la louve (1)


    Datte: 31/10/2019, Catégories: Divers, Auteur: Jane Does, Source: Xstory

    ... donc déjà précédé et ainsi le chemin est ouvert. Elle est brune, bien dodue et ne fait pas un pli. Dans ma gueule ses os craquent alors que ses chairs me rendent vie et courage. L’attente peut donc reprendre dans la froidure de l’hiver Alaskien. Les sons qui me parviennent sont bien ceux de la machine qui rentre au bercail. Sur le traineau qu’elle tracte, ce qui reste de Rex. Les renards et autres viandards se sont déjà partagé la plus grande partie de sa carcasse. Le gars semble comme fou.
    
    Il vocifère tout seul, faisant de grands gestes. Ceux du désespoir peut-être d’avoir perdu son ami le plus fidèle. Je suis à trois pas de lui, mais il garde en main son fusil et je dois être très vigilante, prudence est mère de sureté. Mais mon heure va sonner. Sa seule erreur c’est de s’aventurer trop vite trop loin. Il a son arme sur l’épaule, mais je sens cette odeur de miction, un parfum d’urine, je la reconnais entre toutes les autres celle-ci. Les hommes sentent mauvais et tous les loups du monde ont appris à se méfier de ce bouquet typiquement humain.
    
    Je le sais vulnérable à ce moment-là et je sors de ma cachette prestement. Mes trente-huit kilos lui tombent sur le râble et il se trouve déséquilibré. Nous roulons dans la neige sous l’arbre contre lequel il pissait. Je lis la panique dans ses yeux. Il doit bien savoir que les miens sont remplis de haine pour lui et ses congénères. Mais je ne vais pas le tuer, non ! Je lui mords la main qui veut attraper le fusil. Sous mes ...
    ... canines, je sens la viande se déchirer. Je tire plus fort, il tente de me repousser, sans grand succès.
    
    Et ma tête que je secoue de droite à gauche arrache implacablement un à un les doigts de cette patte. Celle qui a pressé sur la queue de détente pour exterminer ma famille, mes amis, ma meute. Le long hurlement qui traverse le ciel enneigé de mon Alaska natal monte vers les esprits de mes amis enfin complètement vengés. Je ne le tuerai pas parce que lui ne m’a pas tué… il me voulait pour son sale cabot. Et bien Rex m’aura eu au prix fort et son maître ne chassera plus sur mes terres.
    
    Le long hiver qui ne fait que débuter voit le type avec un bras bandé, qui tente de démarrer son engin. Je renifle de loin le gout du sang de sa blessure. Il sera sauf, s’il parvient à la ville la plus proche. Mais il va devoir faire vite, très vite, car la tempête qui s’abat sur la région du Grand Nord va durer longtemps. L’existence dans cet univers si particulier reste complexe et l’homme ici n’est pas toujours chez lui !
    
    Je m’enfonce à nouveau dans la poudreuse qui fait une couche de près d’un mètre d’épaisseur. Et la lune est de retour. Sur les montagnes qui entourent mon territoire, je hurle pour dire au monde de la nuit que je suis toujours là ! Il ne reste que moi, que la bête ! Mais je porte en moi les prémices de la vie. Un curieux mélange de chien et de louve qui devrait donner des fils de la nuit et perpétuer ma lignée… quant à la cabane du chasseur, elle reste aussi vide depuis ...
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