1. La vengeance de la louve (1)


    Datte: 31/10/2019, Catégories: Divers, Auteur: Jane Does, Source: Xstory

    Je n’ai rien senti d’autre qu’un picotement au niveau de l’épaule. Puis malgré tous mes efforts, sous mon poids, mon corps se recroqueville, mes muscles refusent de répondre. Je roule sur le ventre alors que ma vue se trouble, que ce qui m’entoure devient flou. Le grand silence, celui des rêves d’une enfance heureuse, envahit mon cerveau et la glissade dans un abyme cotonneux est tout ce dont je me souviens.
    
    Mon réveil est douloureux, lent et nauséeux. Je ne connais pas l’endroit où je suis allongée sur un lit frais d’une paille blonde. Partout autour de ce lieu de hauts murs et là-haut, un minuscule carré d’où je devine le ciel. Je voudrais me redresser, mais mes muscles ne réagissent pas encore totalement à mes sollicitations. J’entends de l’autre côté de ce qui me retient prisonnière des aboiements. Des chiens, race hennie, race honteuse des esclaves.
    
    Petit à petit enfin, j’arrive à me remettre d’aplomb et je fais le tour de ce qui me sert de dortoir, de ce qui me force à rester ici également. Je vais d’un côté à l’autre, avec une sorte de rage au ventre. Qu’est-ce qui m’arrive vraiment ? Pourquoi suis-je toujours vivante ? J’ai cru mourir tout à l’heure ! Mais ne le suis-je pas déjà ? Cet enfermement n’a aucun sens. Et je tourne en longeant les murailles de ma prison. Une fois, dix fois, criant plus fort, plus haut mon désaccord.
    
    La lucarne tout au-dessus, laisse passer juste assez d’air pour que je respire. Le ciel s’assombrit dans ce carré que je ne peux ...
    ... atteindre. Je reste désormais assise sur mon derrière à regarder le noir d’une nuit venir manger peu à peu la surface visible de ma cellule. Les chiens ne se taisent donc jamais ? Même la nuit ils hurlent férocement ! Je sens comme une présence, pas très éloignée de moi. Ce qui se rapproche n’a rien de bien engageant pour moi, et je me resserre tout entière, roulant en boule prête à bondir
    
    — Bon ! Et bien tu t’es enfin réveillée. C’est bien ma belle. C’est l’heure de manger.
    
    Je reste loin de l’homme. Il sent mauvais. Il n’est pas entré dans ma prison, se contentant seulement de faire glisser de la nourriture par une autre lucarne découpée au milieu d’un mur. Ouverture trop petite pour que je puisse m’échapper. J’ai simplement enregistré le fait que par-là, il existe peut-être une porte de salut. L’odeur s’en va et les pas de son propriétaire également. Ce qu’il a laissé dans une gamelle argenté flaire bon. Pas question pourtant de m’approcher de cette saloperie.
    
    J’ai toujours, avant, fait en sorte d’éviter ce qui est arrivé. Je me suis efforcée de toujours me tenir à l’écart, préférant les sous-bois et les grands espaces. Alors comment m’ont-ils attrapé ? Et comment sortir d’ici ? Je dois, il faut absolument que je quitte cet endroit. À nouveau, je suis le périmètre qui délimite mon espace de vie. Pas de faille, pas la plus mince chance de m’échapper, je n’en découvre pas.
    
    Mon estomac fait du yoyo dans ma bedaine, mais je m’efforce de ne songer qu’aux lunes rondes des ...
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