La vengeance de la louve (1)
Datte: 31/10/2019,
Catégories:
Divers,
Auteur: Jane Does, Source: Xstory
... nuits de mon existence. Ces vastes plaines froides, la neige bien poudreuse dans laquelle mes traces étaient bien visibles. Puis ces attentes longues, ces jours de jeûne également. Et si l’assiette qui me fait de l’œil se trouve oubliée, son fumet lui a plus de peine à quitter mes narines. Je guette chaque bruit, prête à saisir la moindre occasion de filer à l’anglaise.
Entre quatre murs si rapprochés, le temps parait s’allonger encore et encore. Une éternité avant que la lumière fasse fuir l’obscurité. Avec les lueurs d’un nouveau jour, d’autres bruits viennent se superposer à ceux plus diffus des heures noires. Un des murs face à moi semble d’un coup disparaitre. Remplacer par des barreaux et si la neige est bien encore présente, elle se trouve si inaccessible pour moi !
Oui, si proche et si lointaine, irréelle et d’une terne blancheur. Incroyable comme les choses que l’on aime peuvent vite devenir des objets de torture. Voir et ne pas pouvoir toucher, sentir, effleurer. C’est le pire cauchemar de ma vieille existence. Que me veulent-ils donc ces damnés qui m’ont capturé ? Le type qui passe et repasse dans mon champ de vision, il prend bien garde de ne pas être trop près.
Il me rend folle, dingue de faire des aller et venues sans cesse, comme pour me narguer. Il est muni d’un bâton et il cogne sur les lignes verticales si serrées que je ne saurai jamais les traverser. Je m’apprête à lui sauter à la gorge alors que son arme frappe en cadence les barreaux de ma ...
... geôle. Puis je comprends que son unique but est de m’énerver. Je me recule donc dans le coin le plus éloigné de lui. Finalement seul mon mépris l’obligera à se découvrir peut-être.
Un chien est arrivé, juste après que l’homme se soit rendu invisible. L’autre gueux a les babines pendantes, il bave, crocs sortis. Je pourrais moi également, gueuler comme lui, l’effrayer avec ma voix. Je m’en garde bien. Lui, je le remarque de suite, est un garçon, jeune belliqueux, ambitieux. Ça reste pourtant un esclave des pantins qui me laissent croupir dans mon cul de basse-fosse. Du reste son maître de retour le chasse d’un coup de pied aux fesses. Et en hurlant, l’imbécile file je ne sais où.
Devant moi ; le gars cette fois est muni d’une longue badine et il tend le bras, faisant mine de m’en donner quelques coups. Il est encore méfiant, ne voulant sans doute pas mettre en danger ses muscles. Et sa baguette me frotte les côtes alors qu’il rit bêtement. Quelle gloire que celle de titiller une prisonnière ! Le courage est humain. Je ne serai jamais docile, et de cela il peut en être certain. Je tiendrai tête jusqu’au bout à mon bourreau ou à ses congénères.
— Allez, ma belle, viens donc un peu par ici. Tiens !
Il me lance de la nourriture, mais je suis plus fière que lui. Il peut toujours se brosser, s’il s’imagine que je vais bouffer ce qu’il m’envoie. Le cabot houspillé est aussi de retour, rampant comme une larve, mais gueule béante. Il a droit à une seconde ration de coups de ...