1. Échec et mat


    Datte: 22/10/2019, Catégories: fh, fplusag, handicap, plage, amour, Oral pénétratio, Auteur: Radagast, Source: Revebebe

    ... la fin de la semaine je déplace une pièce de l’échiquier géant, au hasard.
    
    Le soir, un foulard flotte au cou du roi :Venez dimanche, même heure.
    
    Je suis invité, mais pas forcément bienvenu : le ton est sec, impersonnel.
    
    Le dimanche matin, rasé se frais, je me pointe avec un bouquet de roses dans une main, une boîte de chocolats dans l’autre.
    
    La concierge me zieute derrière ses rideaux.
    
    Marcelline m’ouvre la porte, aussi avenante que Cerbère, le chien aux trois têtes.
    
    — Pour vous, Marcelline, lui dis-je en tendant les friandises.
    
    Un sourcil se lève.
    
    — Merci. Veuillez me suivre ; je vais prévenir Madame de votre arrivée.
    
    Elle jette un coup d’œil sur mon bouquet de roses et esquisse un petit sourire. Je viens d’amadouer le gardien des Enfers.
    
    Zanotchka semble tout étonnée et émue de recevoir mes fleurs.
    
    — Il ne fallait pas…
    — Je suis venu prendre un cours, et éventuellement une déculottée : j’essaie de vous attendrir.
    — Ne racontez pas de bêtises, me dit-elle en plaçant mes fleurs dans un vase. Vous êtes plus doué que vous ne voulez le dire. Je vous ai trouvé sur Internet.
    
    Nous nous installons face à face, un échiquier entre nous.
    
    Cette fois, pas de robe ample. Elle est vêtue d’un chemisier noir et d’un jean. La jambe droite de son pantalon s’arrête au genou. Dessous, il n’y a rien. Ses longs cheveux sont retenus en une queue-de-cheval. Elle a maquillé un peu sa joue, tentant de masquer sa cicatrice.
    
    Nous jouons et étudions chaque ...
    ... coup. D’un geste machinal, elle entortille ses cheveux autour de son doigt tout en réfléchissant à la façon dont elle va me dévorer. Je la sens frémir, un peu comme un petit animal qui sortirait d’une longue hibernation. Elle éclate même de rire lorsque je fais des bourdes.
    
    Il faut dire que je n’ai pas vraiment la tête aux échecs : il est diablement joli, mon prof, et j’aimerais me perdre dans ses yeux, goûter à son sourire…
    
    — Vous déjeunerez avec nous ? Marcelline prépare un magret aux figues.
    — Je ne voudrais pas abuser…
    
    Je vois son sourire s’effacer.
    
    — … mais je ne résiste jamais à la tentation.
    
    Le repas est au-dessus de tout ce que j’ai pu déguster depuis un sacré moment.
    
    Alors que nous devisons de mon travail, mon regard s’égare sur sa jambe.
    
    — C’était il y a quatre ans.
    — Je ne voulais pas…
    
    Elle me fait taire d’un léger geste de la main.
    
    — Nous revenions d’un vernissage, mon mari et moi. Nous étions peut-être fatigués et pressés de rentrer chez nous. Il se faisait tard, nous ne faisions pas attention. À un croisement, le feu était vert ; nous sommes passés. Un camion de la voirie a percuté notre voiture. À mon réveil, je souffrais de tout mon corps. Il leur a fallu un mois pour m’expliquer que ma jambe n’existait plus, et deux mois pour me dire que Manuel était décédé. À la douleur physique s’ajoutait le chagrin.
    — Vous devez avoir des amis qui…
    — Ah-ah… Des amis ? Laissez-moi rire !
    
    Je la laisse rire.
    
    — De pauvres types et de pauvres ...
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