Échec et mat
Datte: 22/10/2019,
Catégories:
fh,
fplusag,
handicap,
plage,
amour,
Oral
pénétratio,
Auteur: Radagast, Source: Revebebe
« Mardi 20 mai ; vous écoutez France Bleu, il est 7 heures. Voici les nouvelles. »
Comme chaque matin, je traîne un peu au lit ; j’écoute les infos sur mon radio-réveil en me grattant l’entrejambe. Je me lève et branche la cafetière, je bâille et je vais uriner.
Comme d’habitude, comme disait l’autre.
Je bois mon café en regardant par la fenêtre. Le ciel gris et bas reflète à la perfection mon état d’esprit du moment. Des mouettes – ou des goélands, je ne sais – volent entre les immeubles, tels des fantômes blancs flottant dans le vent ; ils criaillent à s’en péter les cordes vocales.
Je grignote un bout de pain confituré trempé dans du lait. Puis je me débarbouille, me rase et me lave les dents.
Chaque geste est réflexe, une cérémonie répétée maintes et maintes fois, tant de fois répétée que maintenant je n’y prête plus guère attention.
Je n’ai personne à qui parler, personne à écouter. La solitude devient une amie, amie trop présente.
Je referme la porte sans bruit et pars au travail.
Sur le palier, je croise la dernière conquête de mon voisin, une jolie brunette de vingt ans.
— Bruno ne vous accompagne pas ?
— Il n’a pas cours aujourd’hui. Moi si. À ce soir, Olivier.
— Bonne journée.
Le dénommé Bruno est prof de philo à la fac ; la brunette doit suivre ses cours.
Un personnage que ce prof ; nous avons partagé la même petite amie quelques mois, ça crée des liens.
Je bosse dans un magasin de cigarettes électroniques et estime faire un ...
... métier utile en aidant les gens à cesser de fumer, à se porter mieux et à moins donner d’argent au Trésor public. Le dénommé Bruno est entré un jour dans ma boutique ; nous avons sympathisé, et il m’a même trouvé un appartement à côté de chez lui alors que je venais de perdre mon logement.
Une fois dehors, je me rends compte que le temps change. Les nuages se dispersent, le ciel bleu réapparaît et le soleil pointe son nez. Cette trouée dans les nuées me semble un signe d’espoir : il m’en faut peu pour être heureux, pas aussi joyeux que ce jeune labrador qui promène sa maîtresse, mais pas loin.
J’éprouve l’envie de m’amuser en passant sur la place du Marché-aux-Fleurs, là où la ville a installé une œuvre d’art originale ; un véritable échiquier géant, avec des pièces de 2,5 mètres de haut. L’artiste veut que ses œuvres vivent, il désire que des passants jouent.
Jusqu’à maintenant il n’a pas eu énormément de succès : personne ne s’y intéresse, à part un grapheur qui de temps à autre vient faire des graffiti sur un pion ou un roi.
Une idée saugrenue me traverse l’esprit : je pousse le pion D2 en D4 et vais au boulot, guilleret.
Plus d’un serait étonné si je lui affirmais qu’une belle partie d’échecs m’émeut presque autant qu’un joli minois ou une jolie paire de gambettes sous une mini-jupe. Aussi cette ouverture est comme une bouteille à la mer, un appel à un inconnu.
Je me sens perdu en ce moment. Toutes les catastrophes du monde me tombent dessus.
Ma petite ...