Philosophie du plaisir (3) : la philosophie de Sade.
Datte: 18/10/2019,
Catégories:
Dans la zone rouge,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... jouissance. Le monde de Sade me fait peur : aucun contrat ne peut y être passé faute de norme et d’une autorité capable de garantir le contrat par la contrainte. Dans le monde de Sade, les habiles ne travaillent pas et ceux qui sont sujet au labeur, victimes par nature, seront bientôt spolier du fruit de leur labeur. Dans l’économie sadienne, la richesse n’est pas produite, l’argent passe de mains en mains au rythme des meurtres et des corruptions. Sade décrit avec soin le montant des revenus des libertins et l’origine de leur fortune. Au début de « Justine où les malheurs de la vertu », il s’amuse à recenser la généalogie des crimes qui conduisirent Juliette (la sœur de Justine) de son statut d’orpheline prostituée à celui de Comtesse possédant plus de trente mille livres de rente. Toute sa fortune est le fruit de ses violences et des folles dépenses de ses amants.
Chez Sade, le plaisir se substitue à la loi. Aucun homme ne peut être exclu de la possession d’une femme, dès lors qu’elle appartient à tous les hommes. Toutes les femmes doivent être soumises aux désirs des hommes, réciproquement elles peuvent satisfaire tous les leurs.
UNE PENSEE MISOGYNE
Les textes de Sade sont d’une rare misogynie. La liberté que préconise Sade est niée aux femmes. Dans « la philosophie dans le boudoir » (1795), Mme de Saint-Ange insiste sous la plume de Sade : « [la femme] doit appartenir à tous ceux qui veulent d’elle ». Sade ne leur laisse aucune autorité sur leurs propre ...
... corps.
Il est clair que pour Sade la femme est l’entière propriété de son mari : dans son texte « Français, encore un effort si vous voulez être républicains » (1795), Sade va jusqu’à définir le viol que par le fait de dépuceler une femme avant son mariage et les libertins justifieront le traitement infligé à Mme de Mistival par la permission de son mari de la maltraiter. En somme, Sade tient pour l’adage selon lequel la façon la plus certaine de ne pas être violée pour une femme est de se donner librement !
Cette misogynie ne peut que révolter la féministe que je suis : liberté sexuelle oui, mais liberté aussi de se donner ou de ne pas se donner. En ce qui me concerne j’ajouterai : y compris pour une hypersexuelle.
SADISME OU SADO-MASOCHISME : MON EXPERIENCE
En lisant ces lignes, le lecteur aura compris que, Sans lancer d’anathème contre le Marquis (de quel droit d’ailleurs), je n’adhère pas à sa pensée et je reste toujours réticente à la lecture de ses œuvres, à laquelle je me suis astreinte pour écrire ces deux textes dans la rubrique « Philosophie et plaisirs ». J’avoue que je ne suis pas parvenue à aller au bout de ces lectures, mais je pense à en avoir lu suffisamment pour conforter mon analyse.
La violence, la cruauté, une incontestable misogynie, ça ne passe évidemment pas, et encore moins la conception « sadienne » du viol.
Je terminerai en me posant une question : de même que je me suis découverte épicurienne sans connaitre la pensée d’Epicure et de ses ...