Philosophie du plaisir (3) : la philosophie de Sade.
Datte: 18/10/2019,
Catégories:
Dans la zone rouge,
Auteur: Olga T, Source: Hds
Ce texte est la suite de « Philosophie du plaisir (2) : Sade, le Marquis et ses œuvres. », paru sur Hds le 2 novembre dernier, où j’ai traité de la vie et des principales œuvres du « divin Marquis »
Connu à son époque pour ses scandales à répétition bien avant ses textes, le nom de Sade devient associé à sa qualité de jouisseur, de débauché et d’être dangereusement transgressif, donc bien avant que d’être associé à ses talents d’homme de lettres et de philosophe.
L’évolution des mœurs faisant son œuvre, ce qui paraissait choquant, pervers ou immoral à une époque ne choque guère plus le lecteur d’aujourd’hui. Ce que l’Eglise condamnait, ce que l’Etat censurait, les lignes qui valaient un procès, la prison, voire le bûcher à leur auteur, tout cela s’est, au fil des siècles, banalisé, au point que certaines œuvres censurées à leur publication sont désormais étudiées par nos lycéens (y compris des œuvres jugées à leur époque immorales, érotiques, scabreuses… comme certains poèmes de Baudelaire ou le roman Thérèse Raquin de Zola…).
La différence, c’est qu’avec Sade – et malgré l’apparente « démocratisation » des pratiques SM et libertines –, ce qu’il décrit relève toujours de l’horreur et de l’inimaginable.
Son œuvre, notamment « les Cent Vingt Jours de Sodome » (sauvé de la Bastille), restera interdite pendant plus d’un siècle et demi… soit jusqu’à la moitié du XXème siècle! Certes, des éditions et rééditions clandestines existent, on se transmet ses ouvrages ...
... sous le manteau, on le commente, on en parle, on le mentionne, on l’a dans sa bibliothèque, on s’en inspire, même, parfois, pour son côté réactionnaire, libre-penseur…
Ce n’est qu’en 1957 qu’un éditeur, J-J. Pauvert, sort l’œuvre de sa clandestinité : il la publie ouvertement (alors que l’œuvre de Sade était toujours officiellement frappée de censure). Cela lui vaut un procès (où comparaîtront, à titre de témoins, Jean Cocteau, Jean Paulhan et Georges Bataille, s’il vous plaît !) Un procès… qu’il remporte. Consécration suprême de l’œuvre de Sade après 150 ans d’anathème : elle entre à la Bibliothèque de la Pléiade en 1990.
Quant à sa qualité de philosophe, si certains, dès le XIXème siècle, la reconnaissent et l’admirent (Baudelaire, Flaubert, plus tard les surréalistes…) et voient en lui autre chose un esprit libre à la fois génial et précurseur, d’autres crient, encore aujourd’hui, au scandale, et s’indignent qu’on puisse voir autre chose en lui qu’un malade mental et un psychopathe.
C’est la thèse de Michel Onfray dans « La Passion de la méchanceté » (Editions Autrement, 2014) où il entend démontrer que Sade fut un monstre, un violeur pédophile, antiféministe et une brute sanguinaire. Une position diamétralement opposée à ceux qui voient en Sade un briseur de tabous, libérateur de la sexualité, un révolutionnaire et un féministe avant l’heure. Si je rejette bien des aspects de la pensée de Sade, j’ai tendance à renvoyer dos à dos les deux côtés et de penser, pour ...