Journal d'un monstre 3 - Histoires de Sexe

Journal d'un monstre 3

... crispé. Je ne pouvais pas entendre ce qu’il disait, mais son expression trahissait son anxiété, son mal-être. Je l’ai observé pendant de longues minutes.

Puis, soudain, il a raccroché, a pris une profonde inspiration, comme s’il se préparait à affronter une épreuve, et s’est dirigé vers la maison. Il est entré, a posé son téléphone sur la table, et m’a regardé, les yeux emplis de tristesse et de remords.

— C’est vrai, a-t-il avoué d’une voix basse et chevrotante. Oui. Il y a quelqu’un d’autre… Depuis deux ans.

J’ai vacillé, un instant. Deux ans !?! Donc bien avant la grossesse de Justine ! Comment ai-je pu ne rien voir là aussi ?

J’ai pris sur moi pour garder le contrôle. Alors, je lui ai dit que j’étais heureuse qu’il ait trouvé quelqu’un pour s’occuper de lui, surtout avec tout ce qu’on a traversé récemment, ou même avant en l’occurrence. Je pouvais comprendre qu’il avait eu besoin d’une échappatoire.

Ses yeux se sont écarquillés, il était déconcerté, pris de court par ma résignation. Puis il a admis que, oui, ça faisait du bien de s’évader dans un autre contexte.

Alors, dans cet étrange instant de sincérité, je lui ai avoué :

— Moi aussi, j’ai trouvé quelqu’un… Je n’ai pas cherché à remplacer notre amour, mais à combler un vide, un manque. J’avais cruellement besoin d’affection, comme toi, j’imagine.

Le silence s’est abattu sur la pièce, un silence de mort, un silence où chaque battement de mon cœur résonnait comme un coup de tonnerre. Son visage ...

... s’est décomposé, son regard s’est assombri.

— Quoi ? a-t-il demandé, sa voix étranglée par l’émotion. Je n’aurais jamais cru que…

Il a hésité, cherchant ses mots, incapable d’exprimer sa surprise, sa déception.

Alors, j’ai complété sa phrase, avec un sourire amer et une pointe d’ironie.

— Que quelqu’un puisse encore vouloir de moi ? C’est ça ?

Il a baissé les yeux, incapable de soutenir mon regard.

— En y repensant, ces derniers temps, tu as dégagé… une certaine sérénité. Comme si tu t’étais apaisée, j’aurais dû le comprendre, ce n’était sûrement pas grâce à moi, a-t-il murmuré enfin.

Ses épaules se sont affaissées, ses yeux s’humidifiant légèrement, réalisant l’ampleur du vide. Le regardant droit dans les yeux, je lui ai dit :

— Je ne sais pas encore ce que j’ai trouvé. De l’amour, de l’amitié, du réconfort, ou simplement une façon d’oublier. Mais ce que je sais, c’est que je ne suis pas prête à y renoncer. J’en ai besoin.

Il m’a regardée, surpris par cette étrange forme de lucidité que j’affichais.

— Je suis… Je suis vraiment surpris de ta réaction, Isabelle. Je m’attendais à tout, sauf à ça.

J’ai soupiré, un sourire triste se dessinant sur mes lèvres.

— Je crois qu’on a tous les deux fait beaucoup d’erreurs. On s’est fait souffrir et finalement on est malheureux.

Il a hoché la tête, lentement, comme s’il pesait le pour et le contre, comme s’il essayait de comprendre où je voulais en venir.

— Alors… Qu’est-ce qu’on fait ?
— Déjà, on ...