1. Rites, moeurs et aventures d'un monde lointain - II


    Datte: 13/12/2025, Catégories: #recueil, #chronique, #merveilleux, #conte, conte, Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe

    ... filles
    
    (Raconté dans un coin d’ombre, au creux d’un souvenir que Micha n’a jamais vraiment oublié.)
    
    Avant l’errance. Avant l’épée. Avant même que le feu ne naisse entre ses cuisses, Micha vivait dans un village où les règles étaient anciennes, et les désirs, connus de tous.
    
    Chez elle, les filles se laissaient pousser les cheveux. De longues queues de cheval tressées, nouées, qui dansaient dans le dos comme des promesses. C’était un signe, une attente : tant qu’une fille portait sa queue de cheval, elle était libre. Intouchable.
    
    Mais un jour, si elle en faisait le choix – ou si elle se laissait prendre – un homme pouvait lui couper la tresse. Et là, tout changeait.
    
    L’homme brandissait la queue coupée, tel un trophée. Le village savait alors : celle-là était prise. Mais pas soumise. Non. Chez eux, les coutumes étaient plus subtiles.
    
    Car dans le lit, c’était la femme, désormais aux cheveux courts, qui devenait « l’homme ». Elle montait. Elle guidait. Elle montrait comment prendre, comment jouir, comment faire jouir. Et celui qui avait coupé la tresse se retrouvait souvent les jambes en l’air, haletant, suppliant qu’on ne s’arrête pas.
    
    Micha ne s’était pas encore fait couper les cheveux. Mais elle regardait les autres.
    
    Les soirs d’été, les filles se retrouvaient près du vieux bassin, se baignaient nues, s’embrassaient dans l’eau sombre, se frottaient l’une contre l’autre avec une douceur qui n’avait rien d’enfantin. Micha avait goûté des lèvres. Elle ...
    ... avait pressé ses cuisses contre celles de Marla, l’une de ses amies, en silence, à la lisière des bois. Mais elle n’était jamais allée jusqu’au bout.
    
    Elle attendait. Pas l’homme, non. Elle attendait le moment.
    
    Ce soir-là, son amie Elaya la rejoignit sur le toit du vieux grenier, là où elles aimaient observer les étoiles. Elaya avait les cheveux courts. Très courts. Rasés presque sur la nuque. Et elle brillait, encore moite d’une aventure fraîche.
    
    — C’était Tovan, souffla-t-elle, un sourire au coin des lèvres. Il a demandé, j’ai dit oui. Il m’a coupé la queue devant tous les anciens. Comme un coq fier.
    
    Micha la fixait, les yeux ronds.
    
    — Et ?
    
    Elaya haussa les épaules. Elle mordit dans une pomme, la bouche rouge, puis dit :
    
    — Je l’ai chevauché comme une jument sauvage. Il m’a suppliée de ne pas m’arrêter. Je lui ai dit où me lécher, je lui ai montré comment me faire gémir. Quand il a joui, il pleurait presque.
    
    Un silence. Puis Elaya ajouta, en la regardant de biais :
    
    — Tu vas voir. Quand ça vient, c’est pas la peur qu’on sent. C’est… le feu. Et le pouvoir.
    
    Cette nuit-là, dans son lit étroit, Micha se tourna sur le ventre, la joue contre l’oreiller rêche. Sa queue de cheval reposait contre son dos nu. Longue. Épaisse. Intacte. Elle se demanda ce que ça ferait.
    
    Si un garçon, un jour, osait la lui couper. Et ce qu’elle lui ferait, à lui, quand viendrait le moment d’ouvrir les jambes et de montrer… comment on commande.
    
    Elle glissa une main entre ses ...
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