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Rites, moeurs et aventures d'un monde lointain - II
Datte: 13/12/2025, Catégories: #recueil, #chronique, #merveilleux, #conte, conte, Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe
... sentit aussitôt une vibration, un frisson remonter dans sa paume, jusque dans son ventre. Mais l’arbre avait un gardien. Il surgit du tronc, comme un cauchemar végétal : un Sylvain, homme d’écorce, haut comme deux hommes, les membres noueux, la peau couverte de mousse, les yeux verts et lents. Son sexe aussi était de bois, sculpté, dur, luisant de sève. Il grogna. Pas de mot. Mais une intention. Très claire. Micha dégaina. Il para. Le combat fut bref, brutal, presque animal. Il la fit tomber. Elle le renversa. Ils roulèrent dans les feuilles, frappant, mordant, griffant. Puis soudain… le souffle court… la tension devint autre. Elle le regarda. Et rit. — T’as besoin de foutre pour libérer ton âme, c’est ça ? Elle ouvrit sa tunique, se mit à califourchon sur lui. Et ils baisèrent. Il la prit comme il était, pouvant faire pousser de nouveaux godes, de nouveaux sexes. Elle le chevaucha comme un trône sacré, un sexe dans chaque main, un autre dans sa bouche. Son sexe de bois entrait en elle avec une chaleur étrange, vivante, presque trop. Chaque coup la faisait gémir, ses seins bondissant, ses hanches claquant. Elle hurlait de plaisir, s’abandonnait à cette chose sauvage, à moitié plante, à moitié mâle, jusqu’à ce qu’il rugisse en la remplissant de sève brûlante partout sur elle. Elle se releva, nue, ruisselante, les cuisses collantes de nectar magique. — Merci, bel arbre. Maintenant tu m’appartiens. Et elle coupa les branches. Au village suivant, ...
... elle arriva avec un sac plein de morceaux d’écorce sculptée. Les jeunes filles s’attroupèrent. Curieuses, rouges, mais avides. Micha sourit. — Vous faites un trou dans la ceinture, vous vous l’attachez autour de la taille et hop, c’est comme si vous vous aviez un attribut masculin ! Elle leur montra. Sans honte. Une des filles essaya. Les autres éclatèrent de rire. Et très vite… elles en voulurent toutes. Micha vendit tout. Repartit avec une bourse pleine et le sexe encore moite de sève sacrée. Vingt ans plus tard. Micha repassa par ce même village, par hasard. Les maisons étaient repeintes de vert. Des tentures représentaient des femmes nues aux hanches larges, portant de longs phallus sculptés en bois clair. Des statues en forme d’arbres ornaient la place centrale, les branches levées comme une offrande. Aucun homme du village ne voulait s’asseoir. Une grande prêtresse s’avança. Torse nu. Queue de cheval noire postiche. Un sceptre-pénis dans chaque main : — Gloire à celle qui nous montra le Chemin de l’Enculeuse Sacrée ! Et toute la foule s’agenouilla. Micha descendit de cheval. Lentement. Regarda autour d’elle. Souffla entre ses dents : — Mais qu’est-ce que j’ai foutu, bordel… Depuis, on raconte qu’il existe, quelque part dans le sud, une religion menée par des femmes armées de bois vivant entre leurs cuisses, inversant les rôles dans la société et chevauchant les esprits comme Micha l’avait fait. * VIII – Les cheveux longs des ...