1. Le club des désespérés


    Datte: 23/11/2025, Catégories: #société, #romantisme, #lieuderencontre, fh, gros(ses), hotel, amour, Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe

    ... s’arrête pour vomir puis repart, toujours plus loin du lieu de son forfait. Il est sur la digue entre les étangs et la mer. Le soleil d’hiver brille injustement dans le ciel et des grandes aigrettes, aussi blanches que des anges, le regardent passer, immobiles comme des statues.
    
    Antoine fait la liste des moyens qu’il a pour mourir. Il hésite à se jeter dans la mer avec des galets au fond de ses poches, comme Virginia Woolf. L’eau est si froide qu’il a peur que sa détermination ne soit pas suffisante. Finalement, il conclut que le mieux est de reprendre la voiture qu’il a louée et de rouler à vive allure, droit dans un mur. Il s’arrête de marcher. Oui, c’est ce qu’il va faire. Il aurait voulu être un campagnol prudent, mais il ne l’est visiblement pas. Il est dingue, et s’il ne se tue pas, peut-être tuera-t-il quelqu’un d’autre.
    
    Sofia est perdue. Elle ne sait pas si elle doit courir après son homme ou s’il faut l’attendre. Il y a une question qu’elle ne se pose pas : est-ce qu’elle doit abandonner Antoine parce qu’il est violent ? C’est pourtant une question légitime. Il est temps d’arrêter les frais. Il y a eu sa femme, et maintenant un inconnu dans la rue. Il y aura d’autres crises, d’autres violences, et comment vivra-t-elle cela, elle qui n’a jamais même élevé la voix sur personne. Mais la question ne lui vient pas à l’esprit. Antoine a changé. Il a décidé d’être un autre et cet autre la comble de bonheur depuis leur rencontre. Cette nuit, elle a été si proche de ...
    ... lui et il a été si fort et si doux à la fois. Elle le connaît intimement et, malgré tout, malgré l’altercation, elle a confiance en lui.
    
    Elle commence par rentrer à l’hôtel. Elle s’installe au bar avec leurs valises et elle attend. En fait, elle sort son gros cahier jaune, le nouveau, celui du soleil et de l’amour fou et elle se met à écrire, en mode automatique. Son esprit lui montre en permanence les images de la bagarre, mais les mots qui surviennent dans le cahier disent autre chose :
    
    Antoine continue de marcher dans sa tête pendant des heures, allant et venant, mourant de tant de manières que ses jambes ne le portent plus. Il s’allonge sur le sable glacé et il voit le ciel sombrer dans la nuit. La voiture, le mur, il n’y a pas d’alternative. On écrase les vipères et les scorpions. Simplement, il se laisse un peu de temps. Il veut essayer de se souvenir d’un poème de Sofia. Il voudrait disparaître avec ses mots, pour emporter un peu d’elle, car il ne parvient pas à revoir son corps. Quand il essaye, il ne voit que le visage ricanant du type sur le banc et un poing qui s’écrase sur son nez. « Quand on va vers la lumière… », se répète-t-il, mais il ne sait pas la suite. « Femme baleine attend… », mais il ne sait pas la suite.
    
    Puis la nuit envahit la plage et, dans le noir, Antoine voit une petite taupe, la première qu’il a dessinée avant la série des campagnols. Il peut partir. Cette petite taupe a l’air un peu triste, il la revoit bien, attendant sur son frigo. Elle ...